Les requins font la loi - Loan Shark - Seymour Friedman

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kiemavel1
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Les requins font la loi - Loan Shark - Seymour Friedman

Message par kiemavel1 » 27 nov. 2015, 01:39

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Joe Gargen, un ancien boxeur professionnel, est libéré de prison après avoir passé 3 ans dans un pénitencier d'état pour avoir été impliqué dans une bagarre dans un bar. À sa sortie, il retrouve sa jeune soeur Martha dont le mari travaille dans une usine de pneumatiques, tout comme Ann Nelson, une voisine du couple, qui est la secrétaire du directeur. Ann arrange un rendez-vous avec son patron pour faire embaucher Joe mais lorsque ce dernier et le leader syndical lui proposent de travailler sous couverture pour démanteler le réseau d'usuriers qui rackette de nombreux employés de l'usine, Joe Refuse. Bien que témoin des agressions que subissent ceux qui ne peuvent rembourser les racketteurs, Joe avait déjà chercher à dissuader le mari de Martha d'organiser la lutte contre le gang mais quand son beau-frère est assassiné, il va accepter la mission et tenter d'identifier le chef des raquetteurs…
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Une présentation au pas de course d'un autre "George Raft" pour poursuivre tranquilou la série…car dans celui ci, George est en mode "automatique" dans un film noir par ailleurs très routinier et réalisé avec les pieds par Seymour Friedman, un metteur en scène qui ne réalisa pour ainsi dire que des films criminels -mais cela fait de lui un tout petit spécialiste tant ses films sont au mieux facultatifs- et qui dans celui la, rate les seules séquences un peu compliquées à mettre en boite et qui auraient pu offrir un double épilogue plus excitant que ce qui précédait, d'abord dans une blanchisserie industrielle puis dans le théâtre vide où habite le chef secret du gang. Reste, y compris dans ce final, une violence par moment assez singulière qui était bien annoncée dans la bonne séquence pré-générique (le tabassage d'un employé de l'usine par deux hommes de main du gang) et on peut distinguer de la banalité les deux méchants bien campés par des spécialistes (Paul Stewart et John Hoyt) ; les bonnes mais courtes séquences presque documentaires se déroulant dans l'usine et la très belle photographie de Joseph F. Biroc, notamment dans les séquences nocturnes au cours desquelles Gargen retrouvent secrètement le directeur de l'usine pour lui rendre compte de l'avancée de son enquête.
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Il ne faut pas chercher à comprendre la raison qui pousse le directeur de l'usine à faire appel à un ex détenu condamné pour une agression plutôt qu'à la police, surtout qu'à aucun moment il n'est question ici de flics corrompus qui laisseraient agir impunément les racketteurs. Bon, à la rigueur, quoi de mieux qu'un type louche pour en identifier d'autres…sans compter que le rude Gargen, avec son pedigree et son passé, est sans doute mieux placé que le comptable de l'usine pour identifier les meneurs du gang, et surtout son chef mystérieux car c'est l'identification de ce personnage difficile à atteindre qui va obliger l'homme infiltré à s'engager de plus en plus activement auprès du gang et du même coup se compromettre aux yeux de son entourage restant dans l'ignorance du double jeu qu'il mène. De manière un peu ironique, pour mener à bien sa mission, le solitaire qui commençait à prendre gout à une vie ordinaire, celui qui voulait se ranger et devenir un simple ouvrier, va devoir faire usage des armes qui l'avaient conduits en prison car ce sont ses poings, considérés par la justice comme des armes interdites en raison de son passé de boxeur, qui lui seront bien utiles pour soumettre ceux qui terrorisent les travailleurs et leur imposent des intérêts exorbitants sur les prêts illégaux qu'ils leur concèdent.
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L'enquête de Gargen démarre pourtant de manière assez pépère. En tout cas les premiers rouages du racket sont faciles à identifier. Il sympathise immédiatement avec des ouvriers et identifie les hommes qui à l'intérieur de l'usine encouragent leurs camarades à jouer puis à s'endetter : le contremaître Charlie Thompson (Russell Johnson) appâtant ses camarades pour les ramener dans le filet de l'usurier Lou Donelli (Paul Stewart) qui attend dans une arrière salle que les ouvriers viennent réclamer de l'argent. Trop facile l'enquête ! Même si Donelli se méfie de Gargen, ce dernier parvient assez vite à rencontrer Vince Philips (John Hoyt) et ce dernier va être vite séduit par cette recrue qui ne manque pas d'idées car l'arnaque qu'il propose, dissimuler une officine de prêt derrière une blanchisserie industrielle offrant un service de livraison à domicile permet de toucher une nouvelle clientèle : les ménagères aussi crédules que leurs maris puisqu'elles s'endettent elles aussi en jouant notamment aux courses. Ce n'est pas le seul film criminel qui dépeint les travailleurs comme des suckers mettant en jeu leur maigre salaire dans des parties de carte ou aux courses mais ici c'est gratiné puisque même les épouses s'endettent elles aussi...
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Évidemment, la "trahison" de Gargen est très mal prise par ses camarades et cela l'éloigne de sa soeur et de sa petite amie Ann Nelson. Le début de l'idylle est involontairement amusant car Gargen se jette littéralement sur Ann le soir même de la présentation par sa soeur. Il prend de force un baiser, est repoussé mais le lendemain, on ne perçoit nulle trace de courroux chez la belle (Bah, après tout, il sort de prison le gars…) Les premières sorties du couple amusent aussi un peu car Raft doit interpréter l'ouvrier le mieux sapé de l'histoire et il faut le voir frétillant quand il commence à guincher avec sa conquête. Un vrai danseur mondain…(Oui, il l'avait bien été réellement). Dans des rôles secondaires, on remarque plus particulièrement Margia Dean en serveuse délurée de la "cantine" des ouvriers et l'inconnue Spring Mitchell qui joue la petite amie de John Hoyt, une ravissante idiote qui se balade dans leur appartement en mini short.

Réalisation : Seymour Friedman / Production : Bernard Luber (Encore productions) ; distribution : Lippert Pictures / Scénario : Eugene Ling et Martin Rackin / Photographie : Joseph Biroc / Musique : Heinz Roemheld

Avec George Raft (Joe Gargen), Dorothy Hart (Ann Nelson), Paul Stewart (Lou Donelli), John Hoyt (Vince Phillips), Helen Westcott (Martha), Russell Johnson (Charlie Thompson)

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pak
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Re: Les requins font la loi - Loan Shark - Seymour Friedman

Message par pak » 27 nov. 2015, 21:30

Encore une découverte pour moi grâce à toi.

Seymour Friedman, alors là, connaissais pas... Quoi que SIdonis, puisque l'éditeur tape dans le fond du catalogue Columbia, pourrait nous offrir dans sa collection western Secret of Treasure Mountain avec Valerie French et Raymond Burr, un western contemporain.

Je vois dans sa filmographie un Khyber Patrol, titré Le Défilé de la trahison en belge qui m'attirerait aussi.

En tous cas, je n'ai vu aucun de ses films, donc une poignée a été sorti en Belgique et en province...
Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...

Michel Audiard

kiemavel1
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Re: Les requins font la loi - Loan Shark - Seymour Friedman

Message par kiemavel1 » 29 nov. 2015, 22:51

Je n'ai pas vu les films que tu cites. En revanche, j'ai vu quelques films criminels. Il a réalisé plusieurs Boston Blackie, du nom d'un détective incarné par Chester Morris. C'était des petits films d'une heure dans lesquels quelques metteurs en scène en devenir ont fait leur classe : Boetticher ou Dmytryk par exemple. On peut voir aussi au moins deux autres films du genre, tout deux édités en DVD aux USA : Counterspy Meets Scotland Yard et Escape Route (titre anglais) ou I'll Get You (titre américain), un autre George Raft tourné en Grande-Bretagne. Mais tout ça, c'est de mon point de vue, encore moins bon que Les requins font la loi qui reste sympathique même si je l'ai légèrement esquinté...

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