Feu rouge - Red Light - Roy Del Ruth - 1949

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kiemavel1
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Feu rouge - Red Light - Roy Del Ruth - 1949

Message par kiemavel1 » 03 déc. 2015, 02:36

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Feu rouge / Red Light de Roy Del Ruth (1949)
Produit et réalisé par Roy Del Ruth / Distribution : United Artists / Scénario : George Callahan, dialogue : Charles Grayson d'après une histoire de Don 'Red' Barry / Photographie : Bert Glennon / Musique : Dimitri Tiomkin

Avec George Raft (Johnny Tordo), Virginia Mayo (Carla North), Gene Lockhart (Warni Hazard), Raymond Burr (Nick Cherney), Harry Morgan (Rocky), Barton MacLane (le détective Strecker), Arthur Franz (le capitaine Jess Tordo), Stanley Clements (employé d'hotel)
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Après avoir été retenu prisonnier par les japonais pendant plusieurs années, Jess Torno, aumônier de l'armée américaine, revient au pays en héros pour s'être dévoué sans compter pour les autres prisonniers du camp. Sur le tarmac, il retrouve son frère ainé Johnny, le prospère dirigeant d'une entreprise de transport. Ce retour médiatique ne passe pas inaperçu. Visionnant aux actualités les images de ce retour, deux codétenus regardent amers les images du bonheur des 2 frères. L'un d'eux, Nick Cherney, un ex employé de Torno condamné pour détournement de fonds, ne rêve que de vengeance. Profitant du fait que Rocky, son voisin de cellule, est libéré une semaine avant lui, il l'engage pour supprimer le jeune Torno ; le crime devant s'accomplir avant que lui-même ne soit libéré, une façon de se fournir un alibi. Rocky abat le jeune homme dans sa chambre d'hôtel. Jess meurt dans les bras de son frère après avoir pu prononcer quelques mots laissant entendre qu'il a écrit le nom de l'assassin dans sa bible. Johnny récupère la bible personnelle de son frère mais n'y trouve rien. Refusant l'aide de la police car voulant se faire justice lui-même, Torno va tenter seul de retrouver l'assassin de son frère…
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Film noir et croyance religieuse ; une combinaison étonnante et originale mais relativement peu convaincante. George Raft, une fois n'est pas coutume, n'est ni de près ni de loin acoquiné au banditisme même en tant qu'ancien : boxeur, joueur professionnel, bookmaker, directeur de night club, etc…c'est à dire des métiers pas déshonorants mais qui obligent à fréquenter la canaille. Dans ce film du vétéran Roy Del Ruth, c'est un homme d'affaires (légales ) prospère. On ne connaitra pas son passé mais on devine qu'il a toujours filé droit. Tout change quand son jeune frère est assassiné totalement gratuitement (un prêtre en soutane :? ) alors qu'il venait tout juste de le retrouver après des années de séparation en raison de la guerre. À partir de cet évènement, l'homme déjà pas spécialement joyeux et chaleureux (c'est George Raft quand même) va s'endurcir et, gardant pour lui le seul maigre indice permettant de retrouver le meurtrier de son frère, il va mener sa propre enquête afin d'assouvir une vengeance personnelle, ce qui va encore isoler davantage cet homme qui ne semblait avoir vécu jusque là que pour deux choses, la réussite professionnelle et pour ce frère qu'il avait élevé et avec lequel les relations étaient presque filiales.
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George Raft, portant le deuil de son frère, est donc encore plus sombre que d'habitude. Ce coup ci il n'a même pas ni ses sourires carnassiers vaguement inquiétants et encore moins son petit rire qui lui donne brièvement un air curieusement gamin. Il tire la gueule et …casse aussi la gueule de ceux qui ne lui reviennent pas. Bon, en même temps, c'est surtout Raymond Burr qui ramasse…c'est à dire l'une des plus belles crapules des films noirs de série B (et ici il se dépasse…). Au bout de la route, il apprendra que la vengeance c'est pas beau ! Le seul problème avec la morale de l'histoire, c'est qu'on nous explique qu'il est inutile de se venger puisque c'est Dieu qui s'en charge ; car Dieu veille et les méchants seront punis quand même. Dans cette lecture de The Baillebeule, Dieu et la chaise électrique, ça fait le même effet sur les criminels :shock: (volontairement énigmatique)
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Avant cette épilogue douteux, l'enquête menée par notre détective amateur est l'une des plus curieuses de l'histoire du genre. Déjà qu'on tue un jeune homme portant soutane mais on passe encore à deux ou trois reprises par une église et le seul indice permettant peut-être d'identifier l'assassin se trouverait dans une bible…volée que Johnny Torno va tenter de retrouver. Dans un film ayant un tel fil conducteur, il était difficile d'intégrer une femme ; Raft ne pouvant décemment pas dans un tel contexte assouvir sa vengeance tout en courant la gueuse. Les scénaristes trouvent quand même le moyen de lui adjoindre une sorte de secrétaire et d'assistante. Virginia Mayo (sous exploitée comme jamais…) interprète l'un des possibles détenteurs de la fameuse bible puisqu'en temps que cliente de l'hôtel où avait été assassiné le jeune Torno, elle avait pu la dérober. Il n'en est rien mais elle devient donc son assistante. La façon dont les scénaristes trouvent le moyen de lui faire rejoindre la quête obsessionnelle de Raft est d'ailleurs vaseuse. Il fallait manifestement une fille et du coup c'est elle qui se charge de retrouver les autres clients de l'hôtel avant que Raft n'intervienne lui même. Mais évidemment nos deux enquêteurs amateurs ne se sautent pas dessus, ça n'aurait pas été décent et la Virginia Mayo sexy de l'affiche, c'est seulement pour attirer le passant :wink: .
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Je résume à mi chemin : scénario pas emballant, deux interprètes principaux qu'on a déjà vu mieux servi…Next ? Non, car il y a quand même quelques seconds rôles mieux servis par les scénaristes et bien campés par des spécialistes. D'abord un mot sur les moins intéressants…Arthur Franz (de toute façon un acteur assez terne) disparait très vite sous les balles des ennemis de Torno. Barton MacLane joue l'officier de police dont le discours immuable est "La vengeance personnelle va se retourner contre vous, Torno". Tout l'entourage de l'intéressé ne dit pas autre chose : Gene Lockhart (un cadre de son entreprise de transport et par ailleurs son ami) ; Arthur Shields, le sosie de Barry Fitzgerald (normal ils étaient frères), le prêtre qui était un ami du défunt …et même Virginia Mayo (Carla) pourtant assistante détective…tous vont tenter de raisonner Johnny (et même Jess, mais à titre posthume puisque les mots destinés à son frère ainé avaient anticipé sa réaction). En revanche, Stanley Clements a un tout petit rôle puisqu'il est de deux scènes mais comme toujours ou presque il trouve le moyen de se faire remarquer (il joue l'employé de l'hôtel qui retrouve les noms des anciens occupants de la chambre). Mais c'est surtout Harry Morgan (la gâchette) et encore davantage Raymond Burr (son commanditaire) qui valent l'éventuel dérangement. Le premier est un peu l'ancêtre du Steve Buscemi de Fargo : aussi con que dangereux et le second, le massif et inquiétant Droopy de tant de films noirs, avec son air et sa voix également sinistres, il trouve un de ses meilleurs rôles de l'époque, ajoutant la sournoiserie et la malice à sa méchanceté coutumière.

Dans la colonne +++ j'ajoute aussi la très belle photographie de Bert Glennon (même s'il a photographié d'autres films noirs, son nom est plus connu des amateurs de westerns (La Charge fantastique, Rio Grande…et d'autres Ford). Il éclaire magnifiquement les très nombreuses scènes nocturnes (dont un meurtre spectaculaire dans l'entreprise de Torno) et d'autre part on remarque très vite qu'il fait rentrer les lumières de la rue dans les appartements et les chambres d'hôtel. On se doute que ça doit avoir un rapport avec ce titre " Feu rouge "…et la réponse vient à la fin…Enfin, le personnage interprété par Gene Lockhart a la meilleur ligne de dialogue. Alors que Torno commence à se servir de bonnes rasades de whisky, il lui lance : My old man used to say liquor doesn’t drown your troubles … Just teaches them how to swim ! (Mon père avait coutume de dire que l'alcool ne noie pas les problèmes …Il leur apprend juste à nager ! ). DVD gravé (vost)

Raymond Forever (c'est mon coming out)
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chip
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Re: Feu rouge - Red Light - Roy Del Ruth - 1949

Message par chip » 03 déc. 2015, 08:22

Depuis quelques mois Kiemavel fait du raft. Bravo :lol:

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