Abandoned - Joseph M. Newman - 1949

Liste des films critiqués
Répondre
kiemavel1
Messages : 502
Enregistré le : 06 juin 2015, 11:49

Abandoned - Joseph M. Newman - 1949

Message par kiemavel1 » 30 nov. 2016, 14:36

Image
Abandoned (1949)
Réalisé par Joseph M. Newman
Produit par Jerry Bresler (Universal)
Scénario de Irwin Gielgud - Dialogue : William Bowers
Photographie : William H. Daniels

Avec Dennis O'Keefe (Mark Sitko), Gale Storm (Paula Considine), Jeff Chandler (le capitaine MacRae), Marjorie Rambeau (Mme Donner), Raymond Burr (Kerric), Mike Mazurki (Hoppe), Will Kuluva (Little Guy Decola)

Tout juste arrivée de sa petite ville du midwest, Paula Considine se rend au bureau des personnes disparues de Los Angeles pour y signaler la disparition de sa soeur Mary qui vit dans la métropole californienne mais qui n'a plus donné signe de vie depuis des semaines peu après avoir donné naissance à une petite fille. Mark Sitko, un journaliste fouineur à la recherche d'un sujet, entendant son histoire se propose de l'aider dans ses recherches, sans doute plus pour tenter de la séduire que réellement disposé à l'aider. Dès leur sortie du City Hall, Sitko remarque que quelqu'un semble suivre la jeune femme, il surprend l'homme qui se révèle être Kerric, un détective privé ayant très mauvaise réputation qui prétend avoir été embauché par Mr. Considine pour retrouver Mary et veiller sur Paula. Le trio se rend à la morgue ou Paula reconnait sa soeur parmi les photos de jeunes femmes non identifiées. Mary se serait suicidée mais assez vite Sitko et Paula s'aperçoivent que les circonstances de sa mort sont suspectes, comme est inexplicable la disparition de son bébé dont il ne reste aucune trace, pas même un acte de naissance à l'hôpital d'où Mary avait écrit à sa soeur et où elle était censé avoir accouché. Sitko fait appel à son ami l'officier de police MacRae mais malgré qu'il soupçonne que Mary et son bébé ont été victimes de trafiquants d'enfants, il ne peut cependant pas réouvrir l'enquête avec aussi peu d'éléments. C'est ainsi que Sitko va entrainer Paula dans les bas-fonds de la ville à la recherche de l'enfant de Mary…



Dennis O'Keefe retrouvait Raymond Burr un an après La grande menace dans ce drame social traité en film noir. Le scénariste du film, Irving Gielgud avait construit son histoire d'après une série d'articles du L.A Mirror relatant des faits d'enlèvement et de vente d'enfants afin d'alimenter le marché de l'adoption illégale. Il avait aussi reçu le concours d'un lieutenant de police qui avait enquêté sur ces affaires. Toutefois, à la fin de sa vie, le metteur en scène Joseph Newman déclara que tout ce qui était bon dans ce film était du à William Bowers qui réécrivit le film, sa contribution allant donc bien au delà des dialogues additionnels pour lesquels il est crédité. On est en tout cas pas du tout dans le produit de studio Hollywoodien typique car le sujet est un peu audacieux, surtout pour 1949. Abandonné ? Qui est abandonné ? Les femmes et les bébés sans doute alors que le premier titre envisagé prenait un angle différent, il s'agissait de Abandoned Woman. Qu'advient-il lorsque vous êtes une femme seule et désespérée…et enceinte sans être mariée dans les années 1940 ? On s'expose à faire de mauvaises rencontres (dit le film…) et ces jeunes femmes anonymes et vite oubliés se retrouvent inscrites à la rubrique Jane Doe (inconnues) dans le registre de la morgue. On apprend progressivement des bribes de l'histoire de Mary. Sa fuite probable de sa petite ville du Midwest pour mettre au monde un enfant illégitime dans une grande ville favorisant l'anonymat. C'est Sitko qui découvre que la jeune femme n'était pas mariée alors que Paula ne l'avait pas révélé et plus tard c'est elle qui interrogera du bout des lèvres une amie d'infortune de sa soeur pour savoir : …Et le père ? Entrainant immédiatement la fermeture de la jeune femme dans la même situation que son amie disparue.

La trop naïve provinciale qu'était sans doute Mary, on l'a retrouve d'ailleurs dans sa jeune soeur Paula. Elle aussi est un peu trop tendre pour ce qui l'attend mais si elle tombe sur un journaliste à l'évidence plus intéressé par son jolie sourire que par la disparition de sa soeur, ce n'est en tout cas aucunement comparable avec les mauvaises rencontres faites par Mary car il va se montrer beaucoup moins cynique qu'on aurait pu l'envisager. Ses deux motivations initiales…: la jolie et naïve Paula et faire de bons papiers un peu croustillants laisseront vite la place à une aide sincère et sans arrières pensées quand il se prendra d'affection pour la jeune femme. En cours de route, ils vont évidemment se rapprocher encore davantage même si l'attirance réciproque ne débouche pas durant l'intrigue sur une idylle. Le contraste entre leurs scènes et la plongée dans le milieu assez glauque de Los Angeles occasionne des ruptures de ton dont je ne saurais dire s'ils nuisent à l'équilibre d'un film d'une très grande noiceur en dehors de ces respirations. Ça permet en tout cas à Dennis O'Keefe de faire étalage de moyens étonnants car je ne le croyais pas capable d'être bon dans tous ces registres là. Il est à la fois dur, sarcastique, roublard mais aussi tendre et drôle sans mordant…et pour revenir à l'intrigue très débrouillard.



Car en bon journaliste criminel expérimenté et connaissant parfaitement sa ville, Sitko évolue comme un poisson dans l'eau dans le petit monde de la nuit et sait où fouiner. Le 1er informateur, un barman, va être suivi de quelques autres plus ou moins pittoresques et portant tous des sobriquets : Shoeshine Sammy (un cireur de chaussures) , Morrie the Bookie (un bookmaker) puis quelques Doc, Winey et Punchy plus loin, la piste s'arrêtera avec un employé de salon de massage renseigné sur les intentions de Sitko. Elle rebondira néanmoins dans un foyer de l'armée du salut qui recueille de futures mères célibataires. Ils y rencontrent une de ces filles nommée Dottie (Meg Randall) qui leur raconte qu'elle avait vu une vieille dame avec une canne qui, à l'insu des soeurs, avait abordé Mary et lui avait promis son aide. C'est ainsi que pour la première fois, ils entendent parler de Mme Donner. Le spectateur l'aura découvert beaucoup plus tôt car aussitôt après sa rencontre avec Sitko et Paula, c'est chez Mme Donner que Kerric était allé rendre compte du danger qu'ils pouvaient représenter. Leur dialogue ne laissait d'ailleurs aucun doute sur ce qui avait pu arriver à Mary et à sa petite fille.

Dans les bas-fonds de Los Angeles, autour des foyers de charité, il n'y a donc pas que des mains secourables, quand bien même leur premier geste pour donner confiance serait de distribuer des bibles. Tel est le cas de Mme Donner, une vieille dame élégante s'appuyant sur une canne. Elle semble inoffensive mais derrière le vernis de respectabilité, les attentions et le coté maternel se cache une des plus belles saloperies du genre car autant certaines femmes fatales s'annoncent, autant cette brave dame fait parfaitement illusion. Je ne rentre pas dans les détails de son racket mais elle est le cerveau d'un gang spécialisé dans les adoptions illégales de bébés et ne se contente pas de duper les jeunes filles perdues…Elle est entourée de quelques complices eux aussi assez spectaculaires : "Little Guy" Decola (Will Kuluva), un gangster sadique qui adore jouer avec les allumettes ; Hoppe (Mike Mazurki), un abruti surpuissant qui préfère étrangler ses victimes et enfin Kerric interprété par Raymond Burr dans un rôle complexe et intéressant de détective privé, à priori employé par le père de Paula, mais qui semble surtout au service de Mme Donner. Si les autres sont parfois un peu trop pittoresques, Raymond Burr est lui fabuleux en salaud qui finit par être dégouté par pire que lui. Il faut voir ses mines écoeurées…et d'autre part son physique n'a peut-être jamais été aussi bien utilisé, notamment dans ses scènes avec la minuscule Gail Storm dans lesquelles il rempli parfois totalement l'écran.


Il est aussi très bien servi par le génial dialoguiste qu'était William Bowers car l'un des attraits non négligeable de ce film ce sont ses dialogues comme toujours inventifs et incisifs. Même si certains échanges entre Paula et Sitko sont très bien écrits, ce dernier la prenant d'abord pour une plouc, c'est tout de même Raymond Burr qui est le mieux servi. Quand Sitko demande à Kerric pourquoi il suit Paula, il répond : I couldn’t sleep so I just decided to take my gun out for a walk. Puis, après que Sitko ai mis en doute son honnêteté ce qui entraine sa protestation, il s'entend répondre : Vous êtes devenu respectable ? Comme si un vautour pouvait devenir végétarien ! Un peu plus tard, quand Kerric va commencer à avoir peur des investigations du couple et qu'il va tenter de jouer sa carte personnelle, cela va donner quelques dialogues assez savoureux entre lui et la bonne dame. Il commence par s'inquiéter et dit avec un air sinistre : J'aurais été si heureux si nous avions commis nos meurtres dans un état qui ne pratique pas les exécutions capitales. Puis, bouche bée devant Mme Donner à la suite d'une de ses nouvelles réparties d'un cynisme sans limites, à son interrogation : Qu'est ce que vous attendez ?…Il va répondre : Je pensais juste combien la vie était belle et tranquille quand j'étais impliqué dans les chantages et les petits vols. Tous les méchants sont assez bien servis. En voici une de Decola, le petit maniaque aux allumettes : Une rumeur court dans la ville ; je m'adoucirais. A chaque fois que ça se produit, je coupe toujours quelques gorges, juste pour faire une mise au point.

Les autres talents : Jeff Chandler, déjà assez haut sur l'affiche, était encore un intermittent du spectacle, apparaissant assez peu sauf dans la seconde partie de l'intrigue qui tourne partiellement au film policier classique avec moyen de surveillance, infiltration, etc…La dernière partie du film est très mouvementée et très réussie à l'exception du final qui est un peu décevant malgré que l'on revive à l'identique ce qu'avait subit Mary. En revanche, pour pleinement apprécier le talent du génial directeur de la photographie William Daniels, il faudrait tout de même qu'un éditeur se penche sur le cas de ce fauché mais passionnant petit film Abandoned car il mérite une bonne restauration.

Un message de prudence à l'intention des jeunes filles passe dans la voix off finale et reprend une partie des propos liminaires : ceci pourrait arriver près de chez vous !…car bien sur, la morale de l'histoire est quand même : méfiez vous jeunes filles et pas seulement des grands mères distribuant des bibles ! Jamais en dehors des liens sacrés du mariage ! Parce que sinon : pas cher le baby, pas cher ! C'est surement pour cette raison que le film se termine par un projet de mariage. Pour ne pas gâcher la surprise, je ne dévoile pas l'identité des mariés mais ça se joue entre Raymond Burr & Marjorie Rambo et Dennis O'Keefe & Gail Storm.

Avatar du membre
chip
Messages : 957
Enregistré le : 17 avr. 2007, 21:04

Re: Abandoned - Joseph M. Newman - 1949

Message par chip » 30 nov. 2016, 18:07

ça fait envie ! mais comme c'est un film Universal et qu'il y a un nom connu (Jeff Chandler), peut-être que....

Avatar du membre
Cole Armin
Administrateur
Messages : 3821
Enregistré le : 15 janv. 2005, 13:52

Re: Abandoned - Joseph M. Newman - 1949

Message par Cole Armin » 04 déc. 2016, 10:23

Image

Répondre