Echec au hold up - Appointment with danger - Lewis Allen - 1951

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wintergreen
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Echec au hold up - Appointment with danger - Lewis Allen - 1951

Message par wintergreen » 05 déc. 2009, 21:46

Al Goddard (Alan Ladd), inspecteur de la brigade des Postes discute dans une voiture avec Maury Ahearn (Dan Riss), inspecteur de la Criminelle:
- Maury: "tu as vu trop de truands, tu es devenu insensible; sois plus chaleureux"
- Al: "c'est ça ! je vais tomber amoureux"
- Maury: "Tu ne sais même pas ce qu'est l'amour"
- Al: "C'est ce qu'il y a entre un homme et son flingue"
- Maury: "Tu sais quoi Al ? tes livres de droit et ton insigne t'ont rendu dingue. Tu n'aimes personne, tu ne crois personne, tu vois des fourbes partout"
- Al: "On l'est tous. Toi, moi, les autres. On est tous égoiste... pour avoir un boulot, du fric, du succès. On a tous une idée derrière la tête"

Al Goddard inspecteur des Postes, enquête sur le meurtre de son collègue Gruber, lié à la préparation d'un hold-up de sac postaux transportant un paquet d'oseille. Al Goddard va tenter d'infiltrer le gang pour mettre en échec le casse.
Derrière ce pitch simplissime, Appointment with danger est un petit polar humble, rythmé, enlevé, et qui emporte l'adhésion en jouant avec succès sur plusieurs tableaux:

On assiste à un affrontement complice et savoureux entre la nonne Soeur Augustine (Phyllis Calvert),témoin du meurtre de Gruber, et Al Goddard . L'eau et le feu, obligés de cohabiter pour les besoins de l'enquête. Ces 2 là n'ont rien en commun. Au cynisme désabusé du flic répond la fausse ingénuité de la bonne soeur. L'un est un vrai misanthrope, insensible, omnibulé par sa mission; la nonne déborde d'humanité, de douceur mais est finalement assez futée et maligne pour s'adapter à l'ambiance virile des flics et des truands. Les 2 vont finir par se comprendre et s'apprécier; Soeur Augustine insufflant au final, un semblant d'humanité au rude Al Goddard. Un duo original dans ce genre de production.

Le deuxième point fort est la qualité des dialogues. un véritable plaisir pour les amateurs de réparties qui font mouches, envoyées du tac au tac comme de véritables projectiles. Des échanges de durs à cuire, saupoudrés d'ironie et de réflexions lucides, balancées avec humour. Quand Al et un reponsable des postes s'interrogent sur les motivations du gang dans le meurtre de Gruber, Al lache: "Un mari infidèle a 2 raisons de tuer sa femme: soit elle l'a vu la tromper, soit elle l'en a empêché. Pour L'argent c'est pareil."

Enfin, si l'idée d'infiltration d'un gang par un poulet n'et pas neuve; ici, elle est bien traitée et l'intrigue avance tranquilement, avec ce qu'il faut de rebondissements, d'action, de retournements de situations.
A noter qu'une bonne partie du film est tournée en extérieurs, dans des zones industrielles noircies par les fumées, des docks, des aires ferroviares sillonnées par des vieilles locos à vapeur, fumantes et hurlantes.
Quelques scènes de bagarres sèches et brutales finissent de nous convaincre que l'on est pas dans un film noir de salon.

Auprès d' A. Ladd et Phyllis Calvert ,on a plaisir à retrouver les gros sourcils de
Paul Stewart, la voix rauque et trainante de Jan Sterling et la diction mitraillette de Jack Webb.

Un excellent polar...

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Modifié en dernier par wintergreen le 07 déc. 2009, 13:33, modifié 5 fois.

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Personne
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Re: Echec au hold up - Appointment with danger - Lewis Allen - 1951

Message par Personne » 06 déc. 2009, 10:08

C'est dispo en DVD?

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Cole Armin
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Re: Echec au hold up - Appointment with danger - Lewis Allen - 1951

Message par Cole Armin » 06 déc. 2009, 14:08

Personne a écrit :C'est dispo en DVD?
Non :(

pass
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Re: Echec au hold up - Appointment with danger - Lewis Allen - 1951

Message par pass » 08 janv. 2015, 19:02

Présentation corporative à Paris le 21 Mars 1951 au " Paramount " en VF et VO .

kiemavel1
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Re: Echec au hold up - Appointment with danger - Lewis Allen - 1951

Message par kiemavel1 » 28 déc. 2015, 21:13

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Avec Alan Ladd (Al Goddard), Phyllis Calvert (Soeur Augustine), Paul Stewart (Earl Boettiger), Jack Webb (Joe Regas), Jan Sterling (Dodie), Harry Morgan (George Soderquist) et Stacy Harris (Paul Farrar)

A Gary dans l'Indiana, Harry Gruber, un inspecteur des postes vient d'être assassiné et alors que les 2 meurtriers chargent le cadavre dans une voiture, ils sont surpris par une religieuse qui signale les suspects à un policier puis disparait. L'enquête sur ce meurtre mystérieux est confiée à Al Goddard, un enquêteur intransigeant qui après l'avoir retrouvé, réussi à convaincre la soeur de l'aider à identifier les 2 meurtriers mais l'un des deux tueurs la reconnait dans la rue et dès lors craignant d'être reconnu, il cherche à la supprimer. De son coté, Goddard cherche à comprendre pourquoi Gruber a été assassiné et il soupçonne que le braquage d'un fourgon postal se prépare et que c'est parce qu'il l'avait découvert que Gruber avait été tué. Goddard décide d'infiltrer le gang....
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Celui ci n'est pas un pur film noir mais c'est un bon policier classique très bien mené malgré une intrigue complexe qui pourra même paraitre trop embrouillée à certains. Pourtant, ce récit compliqué à tenir est de bout en bout absolument maitrisé par les scénaristes et par Lewis Allen et c'est même son principal mérite car le suspense est admirablement orchestré presque jusqu'à la fin. La situation de départ n'a pourtant rien de bien originale. On a un flic infiltré...et les gangsters en ont un aussi, un infiltré, puisque c'est un employé des postes qui les renseigne. Mais cet habile scénario multiplie les scènes dans lesquels la situation peut évoluer de façon radicalement différente d'un moment à l'autre et souvent c'est la situation de l'enquêteur qui pourra devenir dramatique. Il ne devra bien souvent la vie qu'à son sang froid et à sa grande capacité d'improvisation. D'autre part, l'intérêt vient aussi du fait que la division règne dans tous les camps. Chez les gangsters, à mesure que les enquêteurs remonteront la piste des meurtriers, la cohésion du groupe en pâtira. Un des membres du gang se trouvera même dans une position complexe, ne pouvant pas témoigner du piège tendu malgré sa loyauté à l'égard de ses complices. Mais chez les policiers aussi, la cohésion ne sera pas totale puisque Al Goddard s'il est un enquêteur respecté, est aussi un homme que ses collègues méprisent. C'est d'ailleurs la 3ème singularité de ce film, la complexité de certains personnages ou leur incongruité à l'intérieur du genre. Le premier c'est Al Goddard.
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C'est un inspecteur des postes, dur, cynique et froid que personne n'aime, pas même ses collègues mais c'est un grand enquêteur qui ne pense qu'à son travail. Le rôle est tenu par un Alan Ladd tel qu'on le connait dans ses meilleurs polars. Dur et froid mais avec un regard dans lequel se mêle de la malice, de l'ironie, parfois du mépris, mais aussi une certaine mélancolie. Ce rôle imposait aussi quelques prouesses physiques et de ce point de vue, en tant qu'ancien sportif de haut niveau, Ladd était convaincant. Même s'il n'en a pas l'air, comme James Stewart dans ses westerns, il est lui aussi capable de très inattendus accès de violence. Il n'y a qu'à voir la façon dont il envoie promener en 2 pichenettes le plus dur du gang interprété par Jack Webb. Il finira la scène en ramassant une BD qui trainait sur un fauteuil et en la lui lançant au visage, disant, s'adressant en même temps à Paul Stewart (son chef) : Amuse toi !..Et apprend lui à lire !!! ....Mais s'Il a l'air de mépriser tout et tout le monde, il s'intéressera au sort de la religieuse et finira par s'adoucir à son contact. C'est le personnage incongru de ce polar et ce dialogue du flic et de la bonne-soeur inspire au dialoguiste les échanges les mieux écrits et les plus amusants du film.
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Ainsi, alors que la religieuse avait déjà questionné Goddard sur ses croyances et pratiques religieuses, quand l'inspecteur tente de la persuader d'accepter une arme pour se défendre, lui en montre le fonctionnement mais que le pistolet s'enraye, on entend l'échange suivant :

- Souvenez vous que j'ai mon ange gardien...
- J'ai aussi le mien ! (désignant son arme)
- Mais le mien ne s'enraille jamais !

Le 3ème personnage intéressant, c'est la petite amie du chef de la bande interprétée par Jan Sterling, une habitué du genre mais elle aussi, pourtant abonnée au rôle de garce sans coeur, tient dans ce film un rôle bien plus complexe que ce qu'on lui offrait bien souvent mais je ne développe pas plus ce point là...Je mets juste un petit échange entre Goddard et Dodie (Jan Sterling)

Lorsqu'elle l'invite a partager son gout pour le jazz, ils échangent en gros ce dialogue à propos du Be-Bop.
- Vous avez vu ces nouveaux disques ? Vous aimez le Be-Bop ?
- Ah oui, cette musique ou chacun joue un air différent !
- Vous connaissez ce musicien ? C'est un virtuose, Il plie son instrument à volonté, il le fait tournoyer, il...
- Sait-il en jouer seulement !

Plus tard, proche du dénouement, on aura des dialogues plus rudes comme par exemple cet échange entre Jack Webb et Alan Ladd :
- Tu en fais une tête, on dirait que tu pleures ton meilleur ami
- Je suis mon meilleur ami !
- C'est ce que je disais !!!
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En dehors de Webb qu'on verra dans d'autres polars et qui finira même par en réaliser plusieurs, la bande de malfrats est composée de bons seconds rôles du cinéma américain. Ils sont menés par Paul Stewart, qui est donc secondé par Jack Webb, en dur d'école assez caricatural. Ils sont épaulés par Harry Morgan (George Soderquist) et Paul Farrar (Stacy Harris). Un mot pour finir sur le travail du metteur en scène Lewis Allen qui ne brille pas particulièrement mais son style nerveux accompagne de manière dynamique ce scénario touffu. Il ne perd pas de temps, il accélère même le récit contre un certain réalisme mais c'est dans l'intérêt du film et ce tempo soutenu fait que l'on suit sans ennui ce bon policier. Ce film a été diffusé en VF et en VOST sur des chaines françaises.

Lewis Allen peut être considéré comme un petit maitre du thriller, plus que du film noir car il n'a pas réalisé à proprement parlé de pur film noir en dehors de l'excellent Enquête à Chicago (Chicago Deadline), toujours avec Alan Ladd. Parmi ses principaux films criminels, je signale le thriller en couleurs La furie du désert. L'excellent thriller en costumes Une âme perdue (So evil my love) (un de ses meilleurs films). Puis il réalisa Je dois tuer (Suddenly) dans lequel un médiocre Frank Sinatra entrainait un groupe de gangsters à tenter d'assassiner le président des États-Unis. Un pruneau pour Joe (A Bullet for Joey) sur lequel je fondais pas mal d'espoir c'est avéré un peu décevant malgré des pointures du genre : Edward G. Robinson, George Raft et Audrey Totter ; enfin Le témoin à abattre (Illégal) reste plutôt un bon souvenir.

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