Border Incident - 1949 - Incident de Frontiere - Anthony Mann

Liste des films critiqués
Répondre
Avatar du membre
Scarface
Messages : 90
Enregistré le : 16 janv. 2008, 09:06

Border Incident - 1949 - Incident de Frontiere - Anthony Man

Message par Scarface » 18 janv. 2008, 01:36

Border Incident - 1949 - Incident de Frontiere.

Réalisé par Anthony Mann

Avec Ricardo Montalban, George Murphy, Howard Da Silva

Film américain. Genre : Policier, Drame

Durée : 1h 34min. Année de production : 1949 noir et blanc.





Sujet:

Au sud de la Californie, les agents fédéraux Rodriguez et Bearnes démentèlent, avec l'aide de leurs collègues mexicains, un trafic d'esclaves modernes. Mais le rancher Owen Parkson représente une menace d'envergure.







Image

A l'occasion du cinquième anniversaire de la collection des Introuvables édités par Wild Side Video, retour sur la période "Films Noirs" du réalisateur Anthony Mann.



Bien avant de devenir le plus grand réalisateur de péplums jamais connu (soyons clairs, en terme de mise en scène, Le Cid, La Chute de l’Empire romain et les premières séquences de Spartacus enterrent toute concurrence… ever !) Anthony Mann avait déjà amplement prouvé ses aptitudes exceptionnelles sur deux des genres les plus emblématiques et les plus exigeants de l’histoire hollywoodienne, à savoir le Western et le Film noir.



Né le 30 juin 1906 ou 1907 (on ne sait pas exactement) dans le calme de San Diego, en Californie, Emil Anton Bundmann, dit ‘Anthony’, déménage très tôt en compagnie de ses parents enseignants, traverse le pays et s’installe dans l’effervescente New York. Attiré par les planches dès l’âge de dix ans, il traîne autour des théâtres, devient acteur à 16 ans et effectue des tournées à travers les Etats-Unis. Touche à tout et extrêmement travailleur, il se hisse vite au poste de régisseur du futur cinéaste Rouben Mamoulian, et apprend à ses côtés les rudiments de la direction d’acteur et le travail du texte.



Profitant du programme fédéral qui finance un théâtre militant dans les années 30, Bundmann fonde la Stock Company à 26 ans et parraine les débuts du jeune James Stewart. Habitué à flairer les talents en traînant dans les salles de théâtre new-yorkaises, le grand producteur David O’Selznick le débauche en 1938 et l’entraîne dans sa compagnie, la Selznick International Pictures, où Anthony dirige les tests filmés de casting sur Autant en emporte le vent, Rebecca, Les Aventures de Tom Sawyer et quelques autres. A cette époque, il offre également sa polyvalence à la télévision balbutiante, et dirige un programme en direct intitulé Streets of New York. Se sentant vite à l’étroit, il quitte Selznick pour la Paramount et devient l’assistant de Preston Sturges sur son chef-d’œuvre Les Voyages de Sullivan (le film auquel les frères Coen on rendu hommage 486 fois). Il y est omniprésent, à la fois sur le plateau et sur le banc de montage, où il va apprendre auprès de son mentor l’essentiel du talent narratif, la façon délicate d’ordonner les évènements pour atteindre à la fois la simplicité et la subtilité.





Réalisant son talent, Sturges lui conseille de se lancer au plus vite dans la réalisation, et un coup du destin va effectivement lancer Mann dans cette voie. Mac Donald Carey, ancien acteur de la troupe de la Stock Company, décroche en 1942 le rôle principal d’une comédie intitulée Dr Broadway, et impose au producteur Sol Siegel son ancien directeur Anthony Mann. Pour ce dernier, pressé par des délais impossibles et un budget inconséquent, l’expérience n’est que frustration. Mais il persévère et réalise plusieurs commandes, des séries pour les petits studios d’époque tels que Republic, RKO ou Universal.



C’est en novembre 1946 qu’il parvient enfin à imposer un de ses propres sujets, avec Desperate. Film de cavale où un jeune couple d’innocents est pris en tenailles entre des maffieux et les forces de police, Desperate préfigure de quelques mois Les Amants de la nuit de Nicholas Ray. Avec un budget serré, Mann travaille ses ambiances pour atteindre un impact maximal : une scène où le héros se fait tabasser dans une cave est éclairée de façon stroboscopique par une ampoule qui se balance hors champ – et l’effet deviendra vite un cliché du genre. C’est le début de la période policière du réalisateur et, en seulement trois ans, Anthony Mann va livrer au genre pas moins de sept œuvres dont quatre atteignent clairement le statut de classique. Avant même la sortie en salles de Desperate, il débute en avril 1947 le tournage de Railroaded ! qui reprend l’idée d’un innocent (John Ireland) piégé par la pègre et accusé du meurtre d’un flic. Si l’écriture laisse à désirer (malgré cette idée jouissive et tordue d’un tueur qui parfume ses balles), le style visuel de Mann s’affine à pas de géants.





Sa rencontre avec le chef-opérateur John Alton va définitivement imposer une signature reconnaissable entre toutes. Leur premier film, La Brigade du Suicide (1947), joue sur les contrastes extrêmes du noir et du blanc, une profondeur de champ vertigineuse et une façon de cadrer les protagonistes qui les isole les uns les autres même lorsqu’ils interagissent. Le budget serré ne permettant pas de plans d’ensemble élaborés, Mann et Alton optent pour des cadres en courte focale, souvent en contre-plongée, qui focalisent sur les corps et les visages, et obtiennent avec une admirable économie de moyens cet univers à la fois anguleux et chaotique qui souligne à merveille les névroses des caractères mis en scène. Film d’infiltration où des agents du fisc se mêlent au monde interlope de la contrefaçon, La Brigade du suicide dépeint une ville où rien ni personne n’est digne de confiance.



Cette paranoïa à fleur de peau constitue également la charpente thématique du Marché de brutes (1948), seconde perle noire du duo Mann-Alton, où un héros ambigu (Dennis O’Keefe) parvient à s’échapper de prison avec l’aide de deux femmes aux caractères opposés (la fille de rue Claire Trevor et la sainte nitouche Marsha Hunt). Trahi par un co-détenu pyromane (le futur homme de fer Raymond Burr) le héros jure vengeance mais n’est pas au bout de ses surprises. Les environs pourtant aérés de San Francisco servent ici d’échiquier dont personne ne semble pouvoir réchapper (Hitchcock saura s’en souvenir avec Vertigo), et les contrastes clair-obscur de John Alton, au lieu de nous aider à distinguer les valeurs de bien et de mal, de blanc et de noir, jettent le doute sur nos attentes de spectateurs et sur l’identité morale du héros.





Ces deux films sont produits par la société Eagle Lion, et la réputation grandissante de Mann fait qu’il est convoqué d’urgence par ses patrons pour achever un autre film noir réalisé par Alfred Werker, Il marchait la nuit (1948), dont la production connaît alors quelques soucis. Les vingt dernières minutes du film contrastent violemment avec le reste du métrage, et confirment si besoin était, la véritable identité « d’auteur » qu’Anthony Mann apporte au genre (il prêtera également main forte à Richard Fleischer sur son très réussi L’Assassin sans visage).



La Brigade du suicide et Marché de brutes sont de gros succès, et la MGM débauche le réalisateur maintenant affirmé pour le diriger vers une production légèrement plus fortunée. Dans l’extraordinaire Incident de frontière (1949), deux agents, l’un mexicain (Ricardo Montalban) et l’autre américain (George Murphy), travaillent ‘undercover’ afin de coincer un gang de pilleurs qui rançonnent les immigrants clandestins. Anthony Mann et John Alton portent ici le film noir aux rivages du documentaire. Tournée sur les lieux mêmes, l’œuvre transforme un paysage traditionnellement quasi-désertique en une réplique de jungle urbaine, enchevêtrée de canaux, de tuyaux, de ponts, et crée l’oppression par un remarquable travail architectural où s’enchaînent les cadres trapézoïdaux. Ouvertement pro immigration, le film surprend à l’époque par son traitement égalitariste du casting ‘blanc’ et mexicain, et il ne fait aucun doute que le Orson Welles de La Soif du mal avait préalablement étudié cette œuvre peu commune.





Toujours à la MGM, Mann achève ce cycle noir avec l’admirable La Rue de la mort (1950). Un jeune facteur new-yorkais (Farley Granger) qui vit dans la pauvreté avec sa femme enceinte (Cathy O’Donnell) décide un jour de dérober de l’argent dans le bureau d’un avocat douteux, sans se douter que cette somme devait servir à régler un ‘contrat’ sur la tête d’une femme indiscrète. Producteur des Amants de la nuit (voir plus haut), Dore Schary a l’idée brillante de confier les rôles principaux aux mêmes comédiens, inscrivant cette Rue de la mort comme une suite déguisée de la cavale désespérée qu’avait orchestré Nicholas Ray deux ans plus tôt (et à la fin de laquelle le personnage de Cathy O’Donnell était effectivement enceinte). Tout en s’inscrivant dans cette tonalité du désespoir, Anthony Mann élargit le destin de ses protagonistes aux habitants de toute la ville. Malgré les fifties naissantes et le début de la propagande consumériste, c’est un New York gangrené par l’affairisme et le meurtre que Mann met ici en scène, rendant ses protagonistes malhonnêtes d’autant plus attachants que la jungle urbaine qui les entoure offre un visage démoniaque.



Définitivement installé comme réalisateur d’importance, Anthony Mann va dès lors rejoindre son ancien ami et collègue James Stewart au studio Universal, et débuter avec lui une longue série de westerns qui rentreront dans la légende et définiront partiellement le genre (Winchester 73, Les Affameurs, L’Appât, Je Suis un aventurier, L’Homme de la plaine etc.) En 1951, il réalise néanmoins pour la MGM Le Grand Attentat, une série B à cheval entre ces deux périodes (considérée par certains critiques américains comme la meilleure série B jamais faîte) et qui met en scène un détective du XIXème siècle (Dick Powell) qui tente par tous les moyens d’empêcher un attentat qui vise à tuer Abraham Lincoln lors d’un voyage en train. Appuyé par la direction artistique sans pareille de Cedric Gibbons, Anthony Mann marche ouvertement, comme il l’a lui-même déclaré, sur les pas d’Alfred Hitchcock et se régale avec un pur exercice de style que ne manquera pas de noter son ancien collègue Richard Fleischer (ce dernier réalise, dans la foulée, le thriller sur rail L’Enigme du Chicago Express).





Nerveux, violents, efficaces, les films noirs d’Anthony Mann ont l’étonnante particularité d’être à la fois uniques et emblématiques du genre qu’ils servent. N’importe quelle image de La Brigade du suicide, Marché de brutes, Incident de frontière ou La Rue de la mort évoque immanquablement l’idée ‘film noir’ qui s’est logée dans l’inconscient collectif (c’est-à-dire, y compris chez des spectateurs qui n’ont jamais vu de tels films), et ce bien que le style particulier de Mann se détache clairement des Preminger, Fritz Lang ou autres Edward Dmytryk qui ont honoré ce domaine. Etrange et fascinante capacité qu’ont les vrais bons films à contenir en eux une idée de Cinéma qui les transcende en tant que ‘simples’ films.









ImageImage

Ce film est dans ce coffret:

ImageImage

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

pass
Messages : 682
Enregistré le : 20 déc. 2014, 18:17

Re: Border Incident - 1949 - Incident de Frontiere - Anthony Mann

Message par pass » 08 janv. 2015, 20:34

Première représentation à Paris le 30 Mars 1951 au " Max-Linder " et au " Raimu " en VO .

Répondre