par Eliza Doolittle » 02 oct. 2009, 11:04
La guerre du Viet-Nam, traumatisme s’il en est, n’a pas fini d’inspirer les cinéastes. Même Werner Herzog ! On se demande vraiment, au début de ce Rescue dawn, ce qui a pu intéresser ce dingue lunaire dans le récit de la survie et de l’évasion d’un pilote américain au beau milieu d’une jungle laotienne, récit accompagné du sempiternel « inspiré d’une histoire vraie ». On ne peut soupçonner que le réalisateur allemand soit un amoureux de l’armée, un passionné du patriotisme et/ou de l’héroïsme. Quoi, alors ? C’est la question que l’on se pose durant toute la première partie de ce film de facture assez classique voire hollywoodienne – en tout cas au départ – même si Herzog ne sacrifie rien de sa personnalité de cinéaste : la mise en scène et les décors confèrent dès le début au film une atmosphère envoûtante. Au premier degré, Rescue dawn est dans sa première partie le récit captivant mais plutôt basique de la capture d’un soldat, et de sa survie dans un camp gardé par des vietcongs. Ce qui permet à Christian Bale de se montrer assez impressionnant dans un rôle très physique proche de la performance (l’acteur a perdu 20 kilos pour le rôle). Un beau rôle de héros patriote, protagoniste qui d’ailleurs détone, en regard des personnages de déments du genre Klaus Kinski qu’Herzog affectionne habituellement. Ironiquement, le film a été montré en 2007 à des soldats américains postés en Irak pour leur remonter le moral (un comble pour Herzog qui s’est toujours dit opposé à la guerre en question) ! C’était vraiment ne pas saisir la distance critique que le cinéaste instaure vis-à-vis de son sujet : Rescue dawn n’est en aucun cas une apologie de la survie, de la résistance et du courage. Il suffit de voir à quel point le patriotisme faillit, à quel point la solidarité se fait irrégulière, et à quel point la survie s’avère bien souvent synonyme de folie. Dans une seconde partie, après l’évasion, la patte herzogienne revient en force et on comprend alors pourquoi il était intéressant de tourner cette histoire. On retrouve un peu la folie baroque du maître allemand : quête quasi désespérée, peur de l’abandon et de l'oubli, ombre menaçante de la mort, folie qui guette à chaque instant, hallucinations, perte de la foi en Dieu et la patrie. Les décors de jungle interminable – ainsi qu’un fleuve tumultueux – rappellent à la fois la filmo précédente d'Herzog (Aguirre entre autres) et les grands films consacrés au Vietnam (Apocalypse now) ; tout comme la mise en scène qui s’enflamme progressivement sur la fin. Tout ceci devient carrément démentiel et l’étonnement que l’on pouvait ressentir dans un premier temps devant le conformisme du sujet et du personnage s’efface. Même le happy end (ironiquement ?) accompagné d’une musique lyrique et de soldats triomphants laisse un goût quelque peu amer et cynique. Beau film. Pas sorti en salles en France…
La guerre du Viet-Nam, traumatisme s’il en est, n’a pas fini d’inspirer les cinéastes. Même Werner Herzog ! On se demande vraiment, au début de ce Rescue dawn, ce qui a pu intéresser ce dingue lunaire dans le récit de la survie et de l’évasion d’un pilote américain au beau milieu d’une jungle laotienne, récit accompagné du sempiternel « inspiré d’une histoire vraie ». On ne peut soupçonner que le réalisateur allemand soit un amoureux de l’armée, un passionné du patriotisme et/ou de l’héroïsme. Quoi, alors ? C’est la question que l’on se pose durant toute la première partie de ce film de facture assez classique voire hollywoodienne – en tout cas au départ – même si Herzog ne sacrifie rien de sa personnalité de cinéaste : la mise en scène et les décors confèrent dès le début au film une atmosphère envoûtante. Au premier degré, Rescue dawn est dans sa première partie le récit captivant mais plutôt basique de la capture d’un soldat, et de sa survie dans un camp gardé par des vietcongs. Ce qui permet à Christian Bale de se montrer assez impressionnant dans un rôle très physique proche de la performance (l’acteur a perdu 20 kilos pour le rôle). Un beau rôle de héros patriote, protagoniste qui d’ailleurs détone, en regard des personnages de déments du genre Klaus Kinski qu’Herzog affectionne habituellement. Ironiquement, le film a été montré en 2007 à des soldats américains postés en Irak pour leur remonter le moral (un comble pour Herzog qui s’est toujours dit opposé à la guerre en question) ! C’était vraiment ne pas saisir la distance critique que le cinéaste instaure vis-à-vis de son sujet : Rescue dawn n’est en aucun cas une apologie de la survie, de la résistance et du courage. Il suffit de voir à quel point le patriotisme faillit, à quel point la solidarité se fait irrégulière, et à quel point la survie s’avère bien souvent synonyme de folie. Dans une seconde partie, après l’évasion, la patte herzogienne revient en force et on comprend alors pourquoi il était intéressant de tourner cette histoire. On retrouve un peu la folie baroque du maître allemand : quête quasi désespérée, peur de l’abandon et de l'oubli, ombre menaçante de la mort, folie qui guette à chaque instant, hallucinations, perte de la foi en Dieu et la patrie. Les décors de jungle interminable – ainsi qu’un fleuve tumultueux – rappellent à la fois la filmo précédente d'Herzog (Aguirre entre autres) et les grands films consacrés au Vietnam (Apocalypse now) ; tout comme la mise en scène qui s’enflamme progressivement sur la fin. Tout ceci devient carrément démentiel et l’étonnement que l’on pouvait ressentir dans un premier temps devant le conformisme du sujet et du personnage s’efface. Même le happy end (ironiquement ?) accompagné d’une musique lyrique et de soldats triomphants laisse un goût quelque peu amer et cynique. Beau film. Pas sorti en salles en France…