La chute des héros - Time Limit - Karl Malden - 1957

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Re: La chute des héros - Time Limit - Karl Malden - 1957

par Stark » 17 déc. 2020, 13:37

Encore un film intéressant avec Richard Widmark qui interprète un colonel investigateur entouré de Dorothy Michaels en assistante sexy et rusée, Martin Balsam en assistant qui lance des phrases assassines, June Lockhart en femme délaissée, et surtout un impressionnant Richard Basehart en officier intensément fébrile s'abandonnant aux accusations de collaboration avec les Coréens. Grâce à ces différents personnages qui s'entrecroisent dans le bureau du colonel, décor quasi unique du film hormis les séquences coréennes et trois autres à New-York, le cinématographe Sam Leavitt ne plante pas sa caméra comme un banal théâtre filmé, son cadre bouge et s'approche des visages dès que les inévitables tensions apparaissent pour mieux capter les changements d'expressions, surtout concernant Basehart qui est psychologiquement sonné. Que l'on se rappelle du travail de Leavitt sur l'Homme au Bras d'Or. Pour un film d'intérieur, c'est quand même assez dynamique. A (re)découvrir cette unique réalisation de Karl Marlden qui est une réussite.

Re: La chute des héros - Time Limit - Karl Malden - 1957

par rickycoloraso » 30 août 2019, 13:07

Bonjour à tous, j'ai sous-titré ce film en vostfr, si ça
vous intéresse ? Amitiés rickycolorado.

Re: La chute des héros - Time Limit - Karl Malden - 1957

par kiemavel1 » 03 nov. 2015, 13:42

Excellent complément d'informations !

Et oui, effectivement la bande d'anti patriotes à l'origine du film trouvent des circonstances atténuantes à ces Bloody :evil: :oops: :twisted: :roll: :shock: (traduire : saleté de traitres à leur patrie)

Pour Malden metteur en scène, comme je le dis c'est avant tout un "grand texte" et de grands comédiens. Mais de mon point vue, le film est à voir en tant que War/Drama

Il existe un DVD zone 2 en Espagne mais le DVD le plus sympathique aux oreilles d'un françois, ça va être l'américain car il y a les sous titres anglais.

Attention, seulement l'édition de 2009 (car la réédit. MGM est en VO pure il me semble. À vérifier)
On peut trouver ce bon DVD d'occase...

Re: La chute des héros - Time Limit - Karl Malden - 1957

par pak » 03 nov. 2015, 09:51

Ah bravo !

Je m'étais toujours demandé ce que valait ce film, Karl Malden n'ayant pas vraiment récidivé dans la réalisation. Apparemment, il vaut le coup d’œil.


Je lis en ce moment un roman guerrier narrant la prise d'un sous-marin américain par les Chinois, avec tentative de chantage et torture de l'équipage pour faire déclarer au commandant américain une déclaration propagandiste, vieille habitude communiste (il y a eu des cas similaires lors de la guerre du Vietnam). Là encore le sujet de la trahison, même forcée, est posé.

Pour rebondir sur la fin de l'avis, à propos des dilemmes des soldats pris entre l’instinct de survie et leur devoir, je citerai le code de conduite à l'usage des membres des forces armées des États-Unis que le romancier rappelle en préambule.

1. Je suis un combattant américain. Je sers dans les forces qui protègent mon pays et notre mode de vie. Je suis prêt à donner ma vie pour les défendre.

2. Je ne me rendrai jamais de mon propre gré. Si je suis au commandement, je ne donnerai jamais à mes hommes l'ordre de se rendre aussi longtemps qu'ils auront les moyens de résister.

3. SI je suis fait prisonnier, je continuerai à résister par tous les moyens. Je ferai tout mon possible pour m'évader et aider les autres à s'évader. Je n'accepterai aucune condition particulière, aucun privilège de la part de l'ennemi.

4. Si je suis prisonnier de guerre, je continuerai à faire confiance à mes camarades prisonniers. je ne fournirai aucune information et ne prendrai part à aucune action susceptible de leur nuire. Si mon grade m'y autorise, je prendrai le commandement. Sinon j'obéirai aux ordres justes de mes supérieurs et les aiderai en tout point.

5. Si je suis prisonnier de guerre et que l'on m'interroge, je ne suis tenu d'indiquer que mon nom, mon grade, mon matricule et ma date de naissance. Je ferai de mon mieux pour éviter de répondre à toute autre question. Je ne ferai aucune déclaration orale ou écrite qui soit déloyale envers mon pays et ses alliés et nuisibles à leur cause.

6. Je n'oublierai jamais que je suis un combattant américain, responsable de ses actes, et fidèle aux principes qui ont fait de mon pays un pays libre. Je garderai confiance en Dieu et en mon pays, les États-Unis d'Amérique.


Bon, bien évidemment, de la théorie à la pratique, il y a un pas de géant que les auteurs de ce code n'ont sûrement jamais franchi.

Re: La chute des héros - Time Limit - Karl Malden - 1957

par kiemavel1 » 02 nov. 2015, 16:58

Je sais qu'il est passé à la TV mais il y a un bout de temps. Les acteurs sont tous excellents avec en 1er lieu : Richard Basehart, Richard Widmark, Martin Balsam et Dolores Michaels (la secrétaire de Widmark). Un dvd ou un passage TV s'impose...

Re: La chute des héros - Time Limit - Karl Malden - 1957

par chip » 02 nov. 2015, 08:41

Voilà une analyse qui rafraichit ma mémoire, je me souviens avoir beaucoup aimé ce film, vu il y a très longtemps, il m'avait marqué par la qualité de l'interprétation, notamment celle de Richard Basehart, bon acteur dont on parle peu ici.

La chute des héros - Time Limit - Karl Malden - 1957

par kiemavel1 » 01 nov. 2015, 15:07

Le colonel Edwards est chargé d'enquêter sur une affaire de trahison survenue durant la guerre de Corée. Les 14 témoins déjà entendus accusent le major Cargill d'avoir trahi ses camarades et d'avoir tenter de leur faire épouser la cause communiste durant la période ou ils avaient été retenu prisonniers en Corée du nord. Le lieutenant Miller, longuement entendu à son tour, corrobore les accusations formulées précédemment par ses camarades. Enfin entendu, l'accusé reste cloitré dans le silence et ment lorsqu'il accepte de formuler quelques vagues réponses puisqu'elles contredisent les informations recueillies précédemment, une attitude qui donne l'impression que l'accusé -loin de se défendre- fait tout pour abréger l'instruction et être jugé. L'entourage proche du colonel Edwards fait d'ailleurs pression sur lui pour qu'il clôture l'instruction et qu'il convoque la cour martiale, y compris le général Connors, le commandant de la base, dont le fils a été tué dans le même camp de prisonniers...
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C'est Richard Widmark qui était l'initiateur de ce projet. Il avait acheté les droits de la pièce de théâtre du même nom pour 100 000 $ et avait crée pour produire son adaptation cinématographique, les Heath Productions, bien éphémère société puisqu'elle n'a finalement produit que 2 autres films : Dans la souricière (The Trap) de Norman Panama en 1959 et Le dernier passage (The Secret Ways) de Phil Karlson en 1961. Il confia la mise en scène à un débutant, son ami Karl Malden dont ce fut la seule réalisation en dehors des 15 derniers jours de tournage de La colline des potences (The Hanging Tree), un film qu'il termina quand Delmer Daves tomba malade mais il reçu en cours de route le soutien de Vincent Sherman et on ne sait pas vraiment qui a fait quoi. En tout cas, Il y a des façons plus sure de placer son argent mais il faut croire que Widmark tenait à ce projet et il avait raison. C'est un film de guerre "procédural" passionnant avec en vedette un grand Richard Widmark dans un de ses meilleurs rôles, assez proche d'ailleurs de celui qu'il tiendra 4 ans plus tard dans Jugement à Nuremberg. C'est un très grand film d'acteurs sinon un grand film tout court car il souffre tout de même de quelques défauts.

On suit les investigations d'un enquêteur et il s'agit par conséquent d'un pré-procès mais on est déjà dans un quasi huit clos assez oppressant qui fera penser à l'atmosphère de la salle des délibérations des 12 hommes en colère. On ne quitte le bâtiment ou se déroule les auditions qu'à 2 ou 3 reprises. Au tout début des interrogatoires du major Cargill - en raison de son mutisme- en désespoir de cause le colonel Edwards sort de la caserne pour la seule et unique fois et se rend au domicile de l'accusé pour y rencontrer sa femme (interprétée admirablement par une surprenante et émouvante June Lockhart). D'autre part, à 3 reprises, les témoignages sont illustrés par de courts flashbacks qui n'apportent pas grand chose et dont le film aurait même pu se passer même s'ils permettent de prendre un peu mieux conscience de la dureté des conditions de détention des soldats américains et justifier ainsi les intentions de ce film qui relativise la notion d'héroïsme et dont le message a pu paraître déplaisant à un certain nombre de spectateurs américains peu après la fin du conflit Coréen et alors que la guerre du Vietnam avait déjà débuté.
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Ce film n'est véritablement ni un de ces grands films montrant la justice au travail. Ici, on ne verra pas de procès et même si la parenté avec le film de Lumet évoqué plus haut me semble évident, il l'est par le processus utilisé mais pas dans les intentions visées ou très partiellement. Le film n'a pas non plus l'ampleur d'un autre film évoquant lui aussi le lavage de cerveau subit par les prisonniers de guerre en Corée mais on pensera obligatoirement à Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate) en le visionnant. Ce n'est pas non plus un film anti-communiste comme je l'ai lu sous la plume de quelques commentateurs…Le film de Malden est un modeste mais très solide film proposant une réflexion complexe et passionnante sur la notion d'héroïsme. Il a les défauts de ses qualités. C'est l'adaptation d'une pièce de théâtre et il est très fort pour ses dialogues souvent brillants et pour l'intensité dramatique véhiculée par les 6 comédiens principaux tous remarquables et bien dirigés par un maitre. Mais s'il est donc très solide sur ces bases là, il est aussi assez statique et son processus est répétitif. On assiste à une succession de scènes impliquant 2 des principaux personnages -ou 3 ou 4 au maximum- qui se succèdent à tour de rôle dans de courtes séquences un peu répétitives, un rythme seulement brisé par les flashbacks successifs. En revanche, si les auditions des anciens soldats ou les rencontres entre officiers mêlés à l'enquête tournent parfois à l'affrontement, c'est souvent beaucoup plus fin et les personnages sont caractérisés avec énormément de subtilité.

Comme je l'ai dit, c'est un film d'acteurs admirablement dirigés de ce point de vue par un connaisseur, Karl Malden, qui fut comme chacun sait, un grand acteur lui-même. Tous donnent le meilleur. C'est d'abord l'un des très grands rôles de Widmark. On pourrait s'attendre à ce qu'il joue ça sur un mode teigneux et énervé mais ce n'est pas du tout le cas (Il avait du prendre ses cachets Tommy Udo). Si en dernier recours, il est bien capable de frapper un témoin, l'enquêteur qu'il campe est juste un type très tenace mais ouvert et absolument pas parti à la "chasse aux communistes". Il n'éprouve pourtant nulle indulgence pour les traitres quand il en rencontre un mais il sent que quelque chose cloche dans l'histoire qu'on lui raconte. Si le général dirigeant le service tout comme la plupart des officiers qui gravitent autour d'Edwards et jusqu'aux simples soldats, semblent tous vouloir, sans l'exprimer toujours, voir Cargill déjà condamné, l'enquêteur ne fera aucune concession, n'étant même pas sûr que Cargill mérite d'être présenté devant une cour martiale. L'homme que découvre progressivement Edwards ne ressemble en tout ça aucunement à celui qui est accusé d'avoir signé au cours de sa détention une confession admettant l'usage d'armes bactériologiques par l'armée américaine, d'avoir animé des émissions de radio tenant des discours hostiles à l'intervention américaine en Corée et d'avoir tenter d'endoctriner ses camarades. Même le lavage de cerveau qu'il aurait subit selon les témoignages recueillis n'explique pas le comportement étrange d'un homme ne faisant rien pour se défendre.
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Sous la pression de son entourage professionnel, Edwards ne pourra compter vraiment que sur sa secrétaire, le caporal Evans, un personnage surprenant car très loin des secrétaires potiches habituelles (...en dehors de quelques films noirs). Malden s'amuse d'abord à jouer des conventions car on la découvre dans une scène sexy qui à l'allure d'une fausse piste ou qui est un clin d'oeil, une façon de dire : ça c'est fait…maintenant je vais vous montrer un vrai personnage de femme. On découvre Evans roulant des hanches et se penchant sur un bureau pour y déposer un dossier alors que deux hommes anticipant sa posture, guettent le moment attendu…mais c'est pour mieux ensuite démonter les clichés sur la secrétaire sachant au moins préparer le café, ranger un dossier et passer les appels téléphoniques…ou au mieux être la jeune femme sexy, accessoirement maitresse de son patron. Ici, le personnage incarné par Dolores Michaels apporte une aide précieuse à Edwards qui est montré parfois comme un homme fragile, épuisé par les pressions qu'il subit et ne parvenant pas boucler son enquête. Edwards trouve en Evans non seulement un réconfort psychologique et des moments de répit en raison de sa bienveillance et de sa sensibilité mais elle est aussi montrée comme une jeune femme intelligente. C'est elle qui met en lumière les incohérences de certains témoignages et éclaire de manière décisive certains points obscurs du dossier.

L'autre assistant est tout aussi intéressant, c'est le sergent Baker, lui aussi excellemment campé par Martin Balsam. C'est un personnage complexe, à la fois le seul personnage doté d'humour et capable de se moquer d'Edwards qui s'embourbe dans son enquête mais qui le met aussi sérieusement en garde contre les dangers auquel il s'expose en s'obstinant à ne pas aller au plus simple : boucler son instruction et arriver à ce que tout le monde souhaite, y compris Cargill lui-même, sa condamnation. Pour le sergent Baker, Edwards met sa carrière en danger et il montrera que sa drôlerie n'est qu'apparente car il adoptera parfois une attitude menaçante à l'égard de Cargill pour le faire parler ce qui rendra par moment son personnage assez proche de celui que tenait Guy Marchand dans Garde à vue. Le sous officier n'ira pas jusqu'à tabasser le suspect mais il représente la ligne "gros beauf de base", celle qu'exprime sans mots les hommes du camp qui voyant passer le pestiféré s'arrêtent de parler, à priori hostiles et le condamnant par avance, tout comme du reste tout le personnel de la base à l'exception de Widmark et de sa secrétaire.
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Un mot très bref sur l'accusé qui est interprété par le meilleur Richard Basehart que j'ai vu à ce jour. Son personnage est moralement défait mais avec une violence contenue que l'on sent prête à exploser. C'est cette rage rentrée qui cache une vérité cachée que tentera de traquer le personnage interprété par Widmark mais le rugueux, pathétique et scrupuleux Cargill, seulement coupable d'un excès de loyauté saura se défendre. Enfin, le seul accusateur que l'on aura à connaitre est interprété par un tout jeune Rip Torn qui a lui aussi de très bonnes séquences mais on sent bien que sa jeunesse et sa nervosité peuvent le faire vaciller…et on anticipe un peu longtemps à l'avance l'épilogue. On anticipe d'ailleurs très vite à peu près tout et on comprend au bout d'un quart d'heure ce qui a pu se passer véritablement dans le camp mais je dirais que ça n'a guère d'importance car jusqu'au bout le propos est d'une grande intelligence y compris dans le final ; car je parlais d'une fin alors qu'en réalité, il y en a plusieurs. La séquence finale permet à tous les personnages importants de venir exprimer leurs points de vue…et la leçon, si leçon il y a, est une leçon de tolérance.

C'est pourtant par la violence, verbale mais aussi physique, par la densité des échanges et en raison de la tension générée qu'éclatera la vérité mais là encore, Malden ; son auteur scénariste ainsi que ses portes paroles, les personnages, ne donnent pas de leçon de morale et le seul message véhiculé avec obstination est un message de tolérance. Même après que la vérité aura éclaté, le colonel Edwards fera tout pour qu'elle ne soit pas révélée à ceux qui pourraient en souffrir puisque les coupables n'ont péché que par faiblesse dans un contexte ou tous auraient pu flancher. C'est ça le "Time Limit" du titre original dont l'affiche américaine précisait la pensée : " You can't ask a man to be a hero forever - There's got to be a Time Limit". Les conditions de détention terribles subies par les prisonniers de guerre, torturés, affamés expliquent et excusent selon les uns la faiblesse dont ont pu faire preuve le ou les coupables de "trahison". Le général exprimera de son coté l'idée que le code d'honneur du soldat ne doit pas connaitre d'exceptions. Au fur et à mesure des arguments exprimés par les principaux personnages, on pourra être d'ailleurs d'accord avec les uns…puis les autres sans pour autant que le film veuillent renvoyer tout le monde dos à dos pour le motif que tout le monde a ses raisons. Les arguments du général peuvent s'entendre même si lui aussi finira peut-être par adoucir son opinion à la toute fin...de cette fin multiple. En tout cas, les dilemmes moraux auxquels sont exposés les soldats ne peuvent sans doute trouver de réponses dans aucun règlement…encore moins militaires…

Mais je ne suis en rien compétent pour en parler car je ne les ai côtoyé qu'un jour et demi et c'était à la fin des années 80 :oops: . C'est, je crois, pour raisons médicales que j'avais été refusé, on avait découvert chez moi le gêne P4 parait t'il problématique quand on veut faire une carrière de héros mais je dois dire que c'est assez vague :? …vu en vost anglais

Réalisation : Karl Malden / Production : William Reynolds et Richard Widmark (United Artists) / Scénario : Henry Denker d'après sa pièce de theatre (coauteur : Ralph Berkey) / Image : Sam Leavitt / Musique : Fred Steiner

Avec Richard Widmark (Le colonel William Edwards) / Richard Basehart (Le major Harry Cargill) / Dolores Michaels (Le caporal Jean Evans) / Rip Torn (Le lieutenant George Miller) / Carl Benton Reid (Le général Connors) / Martin Balsam (Le sergent Baker)
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