par pak » 08 mai 2019, 13:33
Ferris décide de prendre le large loin du centre ville de Chicago. En quête de liberté, il sèche les cours, s’enfuit avec sa petit amie et son meilleur copain. Le proviseur se lance à leur trousses. Mais quand on est malin, courageux et qu’on roule en Ferrari, la vie à 17 ans ne peut être que merveilleuse…
Revenons quelques minutes sur cette sortie d'un classique des années 1980, qu'on a oublié de mentionner dans ces lignes. Le film de teenagers existait déjà aux États-Unis, depuis les années 1950 et rock'n roll, sorte de sous-genre dans lequel les adolescents ont la vedette et les adultes quasi absents ou dans des rôles souvent négatifs. Mais c'était généralement bas du front, à l'image de
Porky's sorti en 1982, ancêtre des
American Pie. L'adolescent était défini dans ce genre de production comme un personnage irréel, uniquement obsédé par le sexe, et toujours rigolard. Un fantasme de producteurs. C'est alors qu'un trentenaire décide de faire du genre un genre sérieux, non pas strict ou sclérosé, puisque le délire est autorisé et bienvenu dans ses futurs films, mais sérieusement écrit, et proche de ce qu'il avait ressenti lui-même il n'y a pas si longtemps.
Hugues va alors enchainer rapidement tout un cycle de teen movies, dont les premiers titres sont chronologiquement
Sixteen candles (1984), le titre de sa sortie française,
Happy birthday, étant aujourd'hui oublié, le déjà culte
Breakfast club (The Breakfast club, 1984),
Une créature de rêve (Weird science, 1985), et
Rose bonbon (Pretty in pink, 1985), dont il délèguera, hélas, la réalisation à Howard Deutch. Montés avec des budgets très modestes, de 1 million de dollars pour
Breakfast club à 9 millions pour
Rose bonbon, ils seront tous des succès aux États-Unis,
Breakfast club rapportant même 45 fois sa mise initiale.
Mais rien ne permettait de supposer que son film suivant,
La Folle journée de Ferris Bueller, allait autant marquer les esprits et le box-office américains (10ème du classement 1986), installant pour l'éternité John Hughes comme le père de la comédie adolescente moderne. Le film va marquer toute une génération de jeunes américains, au point que certains devenus réalisateurs lui feront référence, parfois dans des films inattendus comme dans
Deadpool (2016) où après le générique le film refait la scène post-générique du film de Hugues dans laquelle le héros s'adresse à la salle en s'étonnant de voir encore des spectateurs après le générique.
Il faut dire que le film est une bouffée d'air frais, qui n'a pas vieilli malgré la décennie dans laquelle il s'ancre irrémédiablement. De plis, loin du produit formaté, chaque scène respire la sincérité, l'empathie de l'auteur pour son jeune trio avide de liberté, et il fait preuve d'une inventivité inédite pour ce genre de films. Ce film serait une sorte de fureur de vivre positive pour faire référence à la rebelle attitude souvent dramatique et posée des films de James Dean.
Mais derrière le ton léger, il y a la critique sociale, déjà perçue dans
Breakfast club. Le fait que ses héros soient des fils de bourgeois ayant réussi dans l'Amérique de Reagan n'empêche ni les interrogations, ni les doutes, ni encore moins la peur de l'avenir, celui du passage à l'âge adulte, des décisions et des responsabilités à prendre. Ainsi Ferris et son duo d'amis seront constamment écartelés entre leur désir de liberté et le confort a priori doré de leur cocon familial.
Et enfin parlons de l'ouragan Matthew Broderick. A travers ses films, Hugues a déniché toute une génération de jeunes acteurs qui feront parler d'eux la décennie suivante, du cinéma à la télévision : Molly Ringwald, John Cusack et sa sœur Joan Cusack, Anthony Michael Hall, Emilio Estevez, Charlie Sheen, Ally Sheedy, Judd Nelson, Bill Paxton, Robert Downey Jr., Mia Sara, Jennifer Grey, Alan Ruck, Kristy Swanson, Kevin Bacon, Alec Baldwin, Elizabeth McGovern... La liste est longue. Et bien-sûr Matthew Broderick. Un rôle à la Ferris Bueller aurait pu le marquer à vie et l'enfermer, ce sera son ultime tremplin. Car auparavant, avec
WarGames et
Ladyhawke, la femme de la nuit il avait montré sa palette de jeu dans différents univers.
Carton aux États-Unis, le film marqua nettement moins en France où il fera moins de 270 000 entrées (le film était pourtant sorti pour les vacances de Noël). Autant dire qu'il passa inaperçu, et c'est à travers les diffusions TV et la vidéo que le film marquera certains jeunes français des années 1980.
Après une édition DVD proposée en août 2000, Paramount propose enfin le film en Blu-ray. Et pour ne rien gâcher, plusieurs bonus sont proposés, près d’1h15 (tout en VOst) :
- Module "Getting the Class Together - The Cast of Ferris Bueller’s Day Off" : retour sur le casting du film (2005, environ 28 minutes). Avec les deux directrices de casting, mais surtout des interviews du casting principal : Matthew Broderick, Alan Ruck, Mia Sara (images de 1986 uniquement), Jennifer Grey (1985 et 2005), Lyman Ward, Cindy Pickett, Jeffrey Jones, Richard Edson, Ben Stein, Kristy Swanson, Jonathan Schmock et Edie McClurg, sont tous réunis pour évoquer leurs souvenirs du tournage,
- Module "The Making of Ferris Bueller’s Day Off" (2005, environ 15 minutes) : en fait les mêmes qui se penchent un peu plus sur la réalisation de certaines scènes clés du film,
- Module "Qui est Ferris Bueller ? " (2005, environ 9 minutes) : les mêmes intervenants dressent le portrait du personnage principal, avec les valeurs qu’il représente,
- "Le monde selon Ben Stein" (2005, environ 11 minutes) : un zoom sur Ben Stein, qui interprète le professeur d’économie dans le film de John Hughes, auteur de discours des présidents Richard Nixon et Gerald Ford, écrivain, scénariste, avocat,
- "Ferris Bueller Vintage : les cassettes perdues" (1986, environ 10 minutes) : montage d’interviews réalisées par les comédiens eux-mêmes avec d’un côté Matthew Broderick et Alan Ruck, Alan Ruck et Mia Sara, Matthew Broderick et Jeffrey Jones, avec en sus les images de tournage d’une scène coupée.
A tout ceci s'ajoute une galerie de photos.
A noter que le commentaire audio du DVD (alors à la mode aux débuts du support) de John Hugues n'a pas été repris pour le Blu-ray. C'est vraiment dommage car il manque dans cette édition le point de vue de l'auteur, et son commentaire était riche d'informations et d'enseignements, démontrant à quel point il s'était investi dans son film qui dépasse de loin la commande hollywoodienne visant un public spécifique. Un choix éditorial regrettable mais qu'on peut comprendre (sans pardonner) dans le sens où l'éditeur a dû se dire que personne n'écoute ces commentaires, ce qui ne doit pas être très loin de la réalité.
On remarquera aussi que cette réédition ne concerne que le format Blu-ray. Pas de nouvelle édition DVD. VOst et VF. Dans les bacs depuis janvier.
Ferris décide de prendre le large loin du centre ville de Chicago. En quête de liberté, il sèche les cours, s’enfuit avec sa petit amie et son meilleur copain. Le proviseur se lance à leur trousses. Mais quand on est malin, courageux et qu’on roule en Ferrari, la vie à 17 ans ne peut être que merveilleuse…
Revenons quelques minutes sur cette sortie d'un classique des années 1980, qu'on a oublié de mentionner dans ces lignes. Le film de teenagers existait déjà aux États-Unis, depuis les années 1950 et rock'n roll, sorte de sous-genre dans lequel les adolescents ont la vedette et les adultes quasi absents ou dans des rôles souvent négatifs. Mais c'était généralement bas du front, à l'image de [b]Porky's[/b] sorti en 1982, ancêtre des [b]American Pie[/b]. L'adolescent était défini dans ce genre de production comme un personnage irréel, uniquement obsédé par le sexe, et toujours rigolard. Un fantasme de producteurs. C'est alors qu'un trentenaire décide de faire du genre un genre sérieux, non pas strict ou sclérosé, puisque le délire est autorisé et bienvenu dans ses futurs films, mais sérieusement écrit, et proche de ce qu'il avait ressenti lui-même il n'y a pas si longtemps.
Hugues va alors enchainer rapidement tout un cycle de teen movies, dont les premiers titres sont chronologiquement [b]Sixteen candles[/b] (1984), le titre de sa sortie française, [b]Happy birthday[/b], étant aujourd'hui oublié, le déjà culte [b]Breakfast club[/b] (The Breakfast club, 1984), [b]Une créature de rêve[/b] (Weird science, 1985), et [b]Rose bonbon[/b] (Pretty in pink, 1985), dont il délèguera, hélas, la réalisation à Howard Deutch. Montés avec des budgets très modestes, de 1 million de dollars pour [b]Breakfast club[/b] à 9 millions pour [b]Rose bonbon[/b], ils seront tous des succès aux États-Unis, [b]Breakfast club[/b] rapportant même 45 fois sa mise initiale.
Mais rien ne permettait de supposer que son film suivant, [b]La Folle journée de Ferris Bueller[/b], allait autant marquer les esprits et le box-office américains (10ème du classement 1986), installant pour l'éternité John Hughes comme le père de la comédie adolescente moderne. Le film va marquer toute une génération de jeunes américains, au point que certains devenus réalisateurs lui feront référence, parfois dans des films inattendus comme dans [b]Deadpool[/b] (2016) où après le générique le film refait la scène post-générique du film de Hugues dans laquelle le héros s'adresse à la salle en s'étonnant de voir encore des spectateurs après le générique.
Il faut dire que le film est une bouffée d'air frais, qui n'a pas vieilli malgré la décennie dans laquelle il s'ancre irrémédiablement. De plis, loin du produit formaté, chaque scène respire la sincérité, l'empathie de l'auteur pour son jeune trio avide de liberté, et il fait preuve d'une inventivité inédite pour ce genre de films. Ce film serait une sorte de fureur de vivre positive pour faire référence à la rebelle attitude souvent dramatique et posée des films de James Dean.
Mais derrière le ton léger, il y a la critique sociale, déjà perçue dans [b]Breakfast club[/b]. Le fait que ses héros soient des fils de bourgeois ayant réussi dans l'Amérique de Reagan n'empêche ni les interrogations, ni les doutes, ni encore moins la peur de l'avenir, celui du passage à l'âge adulte, des décisions et des responsabilités à prendre. Ainsi Ferris et son duo d'amis seront constamment écartelés entre leur désir de liberté et le confort a priori doré de leur cocon familial.
Et enfin parlons de l'ouragan Matthew Broderick. A travers ses films, Hugues a déniché toute une génération de jeunes acteurs qui feront parler d'eux la décennie suivante, du cinéma à la télévision : Molly Ringwald, John Cusack et sa sœur Joan Cusack, Anthony Michael Hall, Emilio Estevez, Charlie Sheen, Ally Sheedy, Judd Nelson, Bill Paxton, Robert Downey Jr., Mia Sara, Jennifer Grey, Alan Ruck, Kristy Swanson, Kevin Bacon, Alec Baldwin, Elizabeth McGovern... La liste est longue. Et bien-sûr Matthew Broderick. Un rôle à la Ferris Bueller aurait pu le marquer à vie et l'enfermer, ce sera son ultime tremplin. Car auparavant, avec [b]WarGames[/b] et [b]Ladyhawke, la femme de la nuit[/b] il avait montré sa palette de jeu dans différents univers.
Carton aux États-Unis, le film marqua nettement moins en France où il fera moins de 270 000 entrées (le film était pourtant sorti pour les vacances de Noël). Autant dire qu'il passa inaperçu, et c'est à travers les diffusions TV et la vidéo que le film marquera certains jeunes français des années 1980.
Après une édition DVD proposée en août 2000, Paramount propose enfin le film en Blu-ray. Et pour ne rien gâcher, plusieurs bonus sont proposés, près d’1h15 (tout en VOst) :
- Module "Getting the Class Together - The Cast of Ferris Bueller’s Day Off" : retour sur le casting du film (2005, environ 28 minutes). Avec les deux directrices de casting, mais surtout des interviews du casting principal : Matthew Broderick, Alan Ruck, Mia Sara (images de 1986 uniquement), Jennifer Grey (1985 et 2005), Lyman Ward, Cindy Pickett, Jeffrey Jones, Richard Edson, Ben Stein, Kristy Swanson, Jonathan Schmock et Edie McClurg, sont tous réunis pour évoquer leurs souvenirs du tournage,
- Module "The Making of Ferris Bueller’s Day Off" (2005, environ 15 minutes) : en fait les mêmes qui se penchent un peu plus sur la réalisation de certaines scènes clés du film,
- Module "Qui est Ferris Bueller ? " (2005, environ 9 minutes) : les mêmes intervenants dressent le portrait du personnage principal, avec les valeurs qu’il représente,
- "Le monde selon Ben Stein" (2005, environ 11 minutes) : un zoom sur Ben Stein, qui interprète le professeur d’économie dans le film de John Hughes, auteur de discours des présidents Richard Nixon et Gerald Ford, écrivain, scénariste, avocat,
- "Ferris Bueller Vintage : les cassettes perdues" (1986, environ 10 minutes) : montage d’interviews réalisées par les comédiens eux-mêmes avec d’un côté Matthew Broderick et Alan Ruck, Alan Ruck et Mia Sara, Matthew Broderick et Jeffrey Jones, avec en sus les images de tournage d’une scène coupée.
A tout ceci s'ajoute une galerie de photos.
A noter que le commentaire audio du DVD (alors à la mode aux débuts du support) de John Hugues n'a pas été repris pour le Blu-ray. C'est vraiment dommage car il manque dans cette édition le point de vue de l'auteur, et son commentaire était riche d'informations et d'enseignements, démontrant à quel point il s'était investi dans son film qui dépasse de loin la commande hollywoodienne visant un public spécifique. Un choix éditorial regrettable mais qu'on peut comprendre (sans pardonner) dans le sens où l'éditeur a dû se dire que personne n'écoute ces commentaires, ce qui ne doit pas être très loin de la réalité.
On remarquera aussi que cette réédition ne concerne que le format Blu-ray. Pas de nouvelle édition DVD. VOst et VF. Dans les bacs depuis janvier.
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