Goyokin : L'Or du shogun - Hideo Gosha - 1969

[Cartman]

Il ne me semble pas avoir trouvé de critique de ce chef-d'œuvre, alors je me lance.

L'histoire se déroule au XIXe siècle dans l'île de Sado, au Japon. En raison du rude climat local, le han (fief japonais) survit avec de grandes difficultés. L'île de Sado est un lieu de passage des navires officiels qui transportent l'or du shogun. Pour assurer la survie de son clan, l'intendant Rokugo (Tetsuro Tanba) décide, avec l'aide d'un groupe de samouraïs, de dérober un chargement d'or après l'avoir coulé le bateau près d'un village de pêcheurs. Une fois leur méfait accompli, ils exterminent tous les habitants pour ne laisser aucun témoin derrière eux. Aux yeux du monde, ces disparitions seront un "enlèvement par les dieux".

Arrivé en retard sur les lieux, le samouraï Magobei (Tatsuya Nakadai) découvre avec écœurement l'acte odieux perpétré par les hommes de son clan. Rokugo et Magobei se disputent mais ne se battent pas. En effet, Rokugo est le frère de l'épouse de Magobei. Les deux hommes se font chacun une promesse : Magobei choisit l'exil et quitte le han en promettant de ne jamais dévoilé ce qu'il s'est passé. De son côté, Rokugo promet à Magobei de ne plus jamais recommencer une telle barbarie.

Les années passent, Magobei est désormais un ronin itinérant qui vivote en utilisant ses dons de sabreur dans des spectacles de foire. Alors qu'il allait vendre son sabre pour renoncer à son statut de samouraï (au Japon, le sabre est comme l'âme du guerrier), Magobei se fait attaquer par des tueurs. Il les élimine et apprend de l'un d'eux que Rokugo compte dérober à nouveau une cargaison d'or du shogun car les finances du han sont très mal en point. Pour éviter un nouveau massacre de villageois, et face à la trahison de son beau-frère, Magobei est bien décidé cette fois-ci à tuer son beau-frère. En route, il croisera des personnages hauts en couleur : un fantasque espion du shogun (l'excellent Kinnosuke Nakamura) et une survivante de la précédente tuerie.

Beaucoup de critiques de ce film font des parallèles avec les westerns Django et Le Grand Silence, à cause des ambiances boueuses et neigeuses de Goyokin. Je n'y verrai pas plus qu'une simple coïncidence dans ces films quasi contemporains. Si, de manière générale, j'apprécie l'œuvre de Sergio Corbucci, Hideo Gosha est à mon avis un cinéaste bien supérieur à l'Italien et Goyokin, par ses moyens importants, est un film d'une plus grande ampleur. Les superbes paysages enneigés sont magnifiquement photographiés. Les combats de sabre sont filmés à la japonaise : fulgurants, ils ne s'éternisent pas dans des chorégraphies élaborées comme à Hong Kong. Tatsuya Nakadai, avec ses grands yeux tourmentés et sa barbe noire, est excellent en héros torturé. Son personnage n'est pas aussi abstrait que les héros du western européen : sa quête et ses motivations sont concrètes (la culpabilité, la trahison de la parole donnée). Au-delà de la chevauchée de la vengeance de Magobei, Goyokin est également une intéressante réflexion sur le bushido, la code d'honneur du guerrier et, plus proche de nous, sur la contradiction entre les devoirs moraux d'un individu et les intérêts de sa communauté.

Sincèrement, Goyokin est un film indispensable. Je pense même qu'il est le film idéal pour s'initier au chanbara japonais, surtout si vous êtes un habitué du western. Si vous ne l'avez pas, jetez-vous sans attendre sur le DVD Wild Side !

[Cartman]

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[Personne]

Ah, j'ai le dvd depuis des lustres... Je l'aurai mis dans aventures, mais bon.

[Cartman]

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