Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

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kiemavel1
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Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

Message par kiemavel1 » 13 oct. 2017, 00:28

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Une dispute éclate au sein d’un couple de danseurs professionnels sans emploi lorsque Ann (Elyse Knox. 1), qui gagne chaque soir quelques dollars pour accompagner de vieux messieurs célibataires dans une académie de danse, rentre au milieu de la nuit dans leur modeste chambre meublée. Alors qu’ils viennent de se coucher, un peu ivre et toujours en colère, Tom (Don Castle) balance ses chaussures par la fenêtre pour faire déguerpir des chats bruyants qui rodaient au pied de l’immeuble. Ann réussit à le convaincre de sortir récupérer ce qui est aussi pour lui un outil de travail puisque Tom venait de jeter sa seule paire en bon état, ses chaussures de danse mais elles demeurent introuvables. Le lendemain matin, elles réapparaissent devant la porte de la chambre et ils en concluent que quelqu’un les connaissant aura trouvé et rapporté ces chaussures de danseur ne pouvant pas appartenir à un autre. Dans la journée, Tom trouve un porte feuille contenant 2 000 $ en billets de 20 $ d’un ancien modèle. Voulant d’abord le rapporter à la police, Tom se laisse convaincre d’attendre quelques jours et de suivre dans le journal local si quelqu’un déclare la perte et offre une récompense. Parallèlement, la police commence à enquêter sur le meurtre d’un vieil homme tué dans le taudis où il vivait malgré le magot qu’il était réputé posséder. Des empreintes de pas bien particulières sont relevées …
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Malgré un budget de misère, ce petit film noir vaut bien un petit détour. Le scénario est du à Steve Fisher, un grand spécialiste du film noir, qui adaptait un roman de Cornell Woolrich : I Wouldn't Be in Your Shoes (qu’on peut traduire, pour faire série noire, par : Je n’aimerais pas porter tes pompes) qui sonne formidablement et qui est à prendre de manière littérale puisque ce sont les chaussures de Tom qui le mettent dans la panade. Il sonne en tout cas bien mieux que son titre français qui de plus évoque un film de prison, ce qu’il n’est pas mais il débute bien dans le couloir de la mort d’une prison américaine à quelques jours de l’exécution d’un homme qui raconte ce qui lui est arrivé à ses co-détenus. Toute l’histoire est donc racontée en un long Flashback par Tom. Des empreintes de pas faites avec des chaussures de danse sur mesure, unique dans le voisinage et une fortune tombée du ciel, c’est assez de preuves circonstancielles réunies par l’inspecteur Judd (Regis Toomey) et ses collègues pour que Tom soit reconnu coupable et condamné à mort. Sauf que le coupable idéal ne l’est pas, coupable. Tom aurait eu le temps de commettre le crime et le metteur en scène aurait pu aisément mettre le doute dans la tête du spectateur … Ce n’est donc pas le cas mais on ne peut pas considérer que c’est un raté. Par contre, dans un premier temps, on peut trouver que la série de coïncidences apparemment improbables qui accablent Tom est un peu abusée mais tout s’éclaircit progressivement, et finalement tout s’expliquer et apparait vraisemblable après coup. En un mot : machination !
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Je préfère prévenir que les plus perspicaces de ceux qui connaissent assez bien le genre vont assez vite comprendre de quoi il retourne et de qui provient la manipulation mais c’est secondaire. Je pense même que c’était volontaire de la part du scénariste, le suspense se déplaçant et étant même décuplé par la proximité - qui deviendra promiscuité - entre Ann, le seul véritable allié de Tom, qui une semaine avant l’exécution tente de relancer l’enquête, et le véritable criminel qui se dévoile peu à peu et se met finalement en danger. Voyant qu’aucune aide ne viendra de la police, en désespoir de cause, Ann n’hésite d’ailleurs pas à se servir de son charme pour rallier ce soutien. La scène nocturne où elle donne rendez-vous à cet homme se termine de manière troublante par le baiser que donne Ann comme une avance. En clair, même si ce n’est pas aussi explicite, Ann va jusqu’à se donner à un homme pour qu’il l’aide à libérer son époux et elle lui promet même de l’épouser si Tom venait à être innocenté … En ce qui concerne l’identité de l’individu, je poursuis en prévenant : Alerte spoiler

On est toutefois très vite interloqué par une étrange coïncidence. L’inspecteur Judd, qui mène l’enquête -puis la relance- était aussi le client préféré de Ann à l’académie Ortiz où elle travaillait chaque soir. Ce client assidu du salon, Ann l’appelait son « Père Noël « en raison de sa générosité et de son coté désintéressé, dit-elle … C’est à dire qu’il devait se contenter des effluves de parfum qui demeurait sur son veston pendant quelques jours mais s’il emportait avec lui le parfum de Ann, il ne lui avait jamais demandé davantage. A partir de la séquence nocturne décrite plus haut, la nature de la relation amicale qu’il entretient avec Ann change radicalement. Il décide donc de rouvrir l’enquête contre l’avis de sa hiérarchie et puisqu’il est évidemment le véritable meurtrier, on a donc ici une figure classique du film noir : le flic criminel qui mène l’enquête sur le meurtre qu’il a commis … et évidemment il trouve un autre faux coupable afin d’honorer la promesse faite à Ann tandis que le crime et la raison d’être de la machination visant à faire condamner Tom apparaissent maintenant évidents. C’était déjà par amour pour Ann que Judd avait agit. Dans le final, il révèle l’ampleur de son obsession pour la jeune femme et c’est à la fois touchant et effrayant …
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L’identité même du tueur accentue le tranquille plaidoyer contre la peine de mort. Car au poste de police, on s’auto-congratulait beaucoup entre collègues, vantant le sérieux de l’enquête et les mérites des éléments matériels probants qui avaient été réunis contre Tom. Mais on découvre qu’un flic motivé pour faire le bien … ou par le mal peut aisément fabriquer un coupable. Sans même parler de mauvaises intentions (c’est le cas ici), on s’aperçoit que des investigations élémentaires n’avaient pas été menées : pas de recherche de témoins, pas d’enquête de voisinage. C’est d’ailleurs durant cette contre-enquête menée par Judd qu’apparait encore plus clairement un des autres points forts du film, sa justesse dans la description du milieu modeste dans lequel se déroule toute l’histoire. La visite de l’immeuble qui fait face à celui du couple de danseurs est à cet égard admirablement menée avec de nombreuses petites idées assez fines dans la direction d’acteurs, les axes de prise de vues, pour montrer notamment le mélange d’émotions ressenties par des quidams lors d’une visite impromptue de la police. De plus, Judd s’y montre d’une efficacité et d’une rapidité de déduction remarquable mais chez lui, contrairement à ses collègues, les carences antérieures étaient plus que de la mauvaise volonté. Au moins un autre personnage secondaire est criant de vérité, c’est une commerçante à fort accent Yiddish qui se montre bienveillante avec Tom puis avec Ann, à qui elle offre un minuscule arbre de noël.

Bon petit film noir. 6,5/10. Vu en vost.


1. Elyse Knox, décédée en 2012, était la mère de Mark Harmon

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pak
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Re: Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

Message par pak » 13 oct. 2017, 17:36

Intéressant.

Apparement l'avant-dernier film d'un vétéran d'Hollywood, William Nigh (il a débuté en 1913), que je ne connaissais pas. 120 films au compteur, ça cause, même si beaucoup l'ont été durant la période muette.

C'est lui qui a réalisé la plupart des Mr. Wong et quelques Cisco Kid avecGilbert Roland (mais comme je n'en ai vu aucun, ça me fait une belle jambe :mrgreen: ).

Il semble que ses films soient généralement des petits budgets, et pas mal ont pourtant traversé l'Atlantique. Je verrai bien son film de guerre Corregidor (1942), même si je subodore un film de propagande.

Et aussi L'Aventurière de San Francisco (Allotment Wives, 1945) qui a un sujet original puisqu'a priori tournant autour d'une arnaque consistant à toucher la solde de GIs tués au combat en les marriant juste avant leur départ au front... Et La Victoire des ailes / Le Fou de l'Atlantique, je ne sais pas trop quel est le titre français officiel (Atlantic flight, 1937), mais ça c'est mon côté aérophile...

A priori quelqu'un de fréquentable à l'écran en tous cas...
Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...

Michel Audiard

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Re: Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

Message par kiemavel1 » 14 oct. 2017, 00:29

J'en connais à peine plus de ce metteur en scène. Au moins 3 des Mr. Wong ont été édité chez nous. La malédiction (Doomed to Die) est en double programme avec Le mystère de Mr. Wong sur un DVD "Les films de ma vie". Tandis que Mr. Wong détective a été édité chez pas cher (Bach Films et LMLR). C'est le seul que j'ai vu pour l'instant. Sinon, j'ai aussi Le singe tueur (The Ape), édité lui aussi chez pas cher mais celui ci c'est vraiment lorsque j'aurais épuisé tout le reste :mrgreen:

Le meilleur pour la fin, L'aventurière de San Francisco est délirant dans son argument mais intéressant. C'est en fait un gang dirigé par Kay Francis qui se sert du charme de ces dames qui sont chargées de vite convoler avec des soldats mais si ma mémoire est bonne, plus que leurs soldes, c'est je crois leur prime d'assurance vie qu'ils convoitent (je ne sais pas comment s'appelait exactement la prime que touchait les familles en cas de décès)

Pas vu Corregidor mais le film a mauvaise réputation

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chip
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Re: Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

Message par chip » 14 oct. 2017, 07:12

...et aussi 4 westerns avec Gilbert Roland dans le rôle du Cisco kid.

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Re: Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

Message par kiemavel1 » 15 oct. 2017, 10:45

chip a écrit : 14 oct. 2017, 07:12 ...et aussi 4 westerns avec Gilbert Roland dans le rôle du Cisco kid.
Je n'en ai vu aucun, même ceux réalisés par d'autres et avec d'autres interprètes que ce soit Warner Baxter ou Cesar Romero
Tu en connais certains ?

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chip
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Re: Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

Message par chip » 16 oct. 2017, 08:49

Vu " the Cisco kid and the lady", j'avais une VHS qui a fini dans une déchetterie, aucun souvenir du sujet, je me souviens cependant que George Montgomery y avait un petit rôle. Vus aussi 2 ou 3 épisodes TV ( en couleur) avec Duncan Renaldo et Leo Carillo.

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Re: Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

Message par kiemavel1 » 19 oct. 2017, 22:51

chip a écrit : 16 oct. 2017, 08:49 Vu " the Cisco kid and the lady", j'avais une VHS qui a fini dans une déchetterie, aucun souvenir du sujet, je me souviens cependant que George Montgomery y avait un petit rôle. Vus aussi 2 ou 3 épisodes TV ( en couleur) avec Duncan Renaldo et Leo Carillo.
Oui j'ai vu que Duncan Renaldo avait interprété le rôle à la télévision mais je ne pensais pas que certains épisodes avaient été diffusé chez nous

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Re: Le condamné de la cellule 5 - I Wouldn't Be in Your Shoes - William Nigh - 1948

Message par chip » 20 oct. 2017, 07:14

Certains épisodes furent diffusés en 1986 sur Canal +.

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