Mes six forçats - My six convicts - 1952 - Hugo Fregonese

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kiemavel1
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Mes six forçats - My six convicts - 1952 - Hugo Fregonese

Message par kiemavel1 » 08 mai 2019, 15:47

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A la fin des années 30, le docteur Wilson, un jeune psychologue sans expérience du milieu carcéral, arrive à la prison de Harbour pour y mener des séries de tests psychologiques sur les prisonniers afin d’évaluer leurs aptitudes, améliorer leur condition de détention et favoriser leur réinsertion. Ce nouveau programme suscite le scepticisme du directeur de la prison qui souhaite même profiter de ces tests pour être tenu informé des désordres psychologiques qui pourraient être détectés et que lui soit transmis toutes informations susceptibles de prévenir les révoltes de prisonniers ou leurs projets d’évasion ce que refuse de faire le « doc » lequel a, de toute façon, bien des difficultés à se faire seulement accepter par des prisonniers qui refusent de participer à son programme. Il réussit finalement à intéresser Connie, un ex perceur de coffres supérieurement intelligent mais c'est quand le dangereux et influent Punch Pinero s'engage dans l'équipe qu'il entraine avec lui 4 nouveaux détenus à venir épauler le psychologique dans son travail malgré les méfiances mutuelles …
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Adapté d’un récit autobiographique de Donald Powell Wilson intitulé "Mes six condamnés : les trois années d'un psychologue à Fort Leavenworth », best seller à sa sortie, My Six Convicts apporte une nouvelle fois la preuve que, dans ses meilleurs jours, son réalisateur Hugo Fregonese aura, à son époque, réussi à livrer quelques films totalement à contre courant des films du genre abordé, ici le film carcéral. Mais l’originalité de celui ci est probablement du aussi à son producteur Stanley Kramer. Quand celui ci découvrit que le livre de Wilson avait été partiellement écrit par la scénariste Eve O'Dell et que plusieurs incidents y avaient été inventés (notamment la tentative d’évasion -presque- finale), il décida d’abandonner l’idée de réaliser l’adaptation dans le ton documentaire qu’il avait envisagé.
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Et de fait, tout en traitant sérieusement son sujet et en y mettant quelques ingrédients attendus : le caïd de la cour de prison, les conflits entre le psychologue progressiste et les gardiens, etc... et de la violence : intimidation entre forçats, bagarre, révolte et tentative d'évasion, Fregonese édulcore tous ces moments et les contrebalance de manière inattendue par des séquences d'émotion subtiles et surprenantes et même énormément d'humour. Même si, au récit autobiographique, ont été ajouté quelques séquences dramatiques (surtout dans le final), il évite donc toutes les scènes chocs attendues et donc les émotions fortes un peu faciles. Ici pas de « choc » entre monde extérieur et prison (pas de famille, de petite amie libre, de visite au parloir, d’avocat, etc …). Pas plus que de « choc » entre le Warden (directeur), et ses gardiens, et les prisonniers. Les uns et les autres resteront au second plan, le seul personnage secondaire jouant un rôle non négligeable sera le médecin chef interprété par Régis Toomey … et comme la plupart des médecins, ce n’est pas un sadique (les exceptions dans la vraie vie ne le sont pas volontairement en général).
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Très vite, il devient évident que Fregonese n'a pas de grandes propositions à faire pour transformer l’univers carcéral et, par exemple, on ne saura presque rien des fameux tests et de leur utilité. Son sujet c'est l'apprentissage de l'humanité ou son réapprentissage chez des hommes au lourd passé et condamnés à de lourdes peines. Il montre comment peut surgir la confiance, l'amitié et l'humanité dans un univers carcéral peu propice à faire émerger ce miracle qui survient parfois entre les hommes. Mais c'est un processus lent, fait de retours en arrière et de mises à l'épreuve. Le récit se concentre donc sur la relation étroite et croissante entre un psychiatre qui est le narrateur des petits évènements qui surviennent et des comportements qu'il observe chez ses 6 assistants, ces six personnes qui vont apprendre à rendre leur vie derrière les barreaux non seulement plus tolérable, mais aussi productive, et à transmettre ainsi leur nouvelle vision de la vie à leurs co-détenus. Nous découvrons progressivement leur personnalité ...
On découvre d'abord le roublard Connie (Millard Mitchell), un ancien cambrioleur, assez dur pour être le seul à tenir tête au "parrain" de la cour mais aussi assez rusé pour sentir combien ce poste auprès du psy pourrait être une bonne planque. C'est du moins sa motivation première. "Punch" Pinero (Gilbert Roland), le gangster endurci qui règne en maitre sur les détenus. Kopac (Jay Adler), le petit employé de bureau qui avait piqué dans la caisse. Neurasthénique, dépressif et se disant "bon à rien, raté pour tout", il sera incapable de s'adapter à la vie au dehors, finira par réintégrer la prison et sera un loser jusqu'au bout.
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On remarque un peu moins les autres mais ils auront tous leur(s) grande(s) scène(s). Dawson (Harry Morgan), le tueur psychopathe, l'aura, son moment, dans le final. Blivens Scott (Marshall Thompson), le jeune homme alcoolique … qui va profiter de la planque pour y abriter une fabrique d'alcool. Randall (Alf Kjellin), le jeune homme si souvent incarcéré qu'en 10 ans de mariage il a très peu vécu avec sa femme ... et à qui ses camarades organisent une nuit d'amour avec sa femme. Idée saugrenue, hautement irréelle … mais séquence sublime dans un film qui en compte bien d'autres : la sortie de Connie qui se voit offrir la possibilité de sortir de prison pour ouvrir un coffre … pour la 1ère fois de sa vie à la demande des banquiers. Même Wilson, le psy (un petit peu terne John Beal) aura une séquence assez spectaculaire et très émouvante quand, par une très intelligente intervention, il réussira à calmer un début de rébellion alors que les gardiens étaient tout près d'intervenir pour la mater violement.
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Jusqu'au bout, les séquences d'émotion, de violence et même d'humour, d'une drôlerie jamais forcées car toujours insérées pour montrer le degré croissant d'humanisation survenant chez les détenus, s'enchainent sans que tous ces changements de ton ne posent de problème au spectateur, au moins celui qui s'exprime, y compris dans un final une nouvelle fois inattendue et à la fois drôle, émouvant et, pour le coup, pas complètement irréaliste.
Bref : pas le plus "naturaliste" des films de prison mais une merveille de film. Peut-être le meilleur film de Fregonese. Seule contrariété : la partition un peu tapageuse de Tiomkin
Si Millard Mitchell a remporté un Golden Globe pour sa performance dans le film, Gilbert Roland ou Jay Adler, tout aussi exceptionnels - vraiment - auraient pu eux aussi remporter le prix. Vu en vost.
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Modifié en dernier par kiemavel1 le 08 mai 2019, 17:23, modifié 2 fois.

kiemavel1
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Re: Mes six forçats - My six convicts - 1952 - Hugo Fregonese

Message par kiemavel1 » 08 mai 2019, 15:58

Le film apparait et disparait avec souvent la possibilité d'adjoindre un sous titrage en anglais très fiable pour peu que le son soit correct. Par contre, le texte s'enchaine sans ponctuations mais c'est une belle aide pour ceux qui ne maitrisent pas suffisamment l'anglais. En revanche, il existe aussi un outil de traduction automatique de ces sous titres en français (pour ce qui nous préoccupe) mais ça engendre un charabia presque inutilisable.

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