La fille aux papillons - The Clouded Yellow - 1950 - Ralph Thomas

Liste des films critiqués
Répondre
kiemavel1
Messages : 502
Enregistré le : 06 juin 2015, 11:49

La fille aux papillons - The Clouded Yellow - 1950 - Ralph Thomas

Message par kiemavel1 » 22 juil. 2019, 17:25

Image
David Somers (Trevor Howard) est renvoyé sans ménagement des Services secrets britanniques après avoir failli au cours d'une mission. Il trouve une reconversion inattendue lorsqu'il accepte un emploi temporaire auprès de Nicholas Fenton (Barry Jones) afin de l'aider à cataloguer sa collection de papillons dans le manoir que possède la famille Fenton dans la campagne du Hampshire au sud de l'Angleterre. Il fait ainsi la connaissance de Sophie (Jean Simmons), la nièce des Fenton, une jeune femme très perturbée et fragile qui avait subi un violent traumatisme dans son enfance lorsque son père et sa mère étaient morts sous ses yeux. Lorsque le garde-chasse du domaine est assassiné, tout porte à croire que Sophie, qui détestait cet homme fruste qui la harcelait, est la coupable. Alors qu'elle est sur le point d'être arrêtée par la police, croyant en son innocence et afin de la protéger du véritable coupable, Somers décide de fuir avec la jeune femme …
ImageImage
L'un des plus réussis des films anglais d'inspiration hitchcockienne et à ce jour, le meilleur film de Ralph Thomas que j'ai pu voir. Le récit accumule un certain nombre de thèmes et situations classiques du thriller  :
Une tentative d'aliénation à la Gaslight. Ici on ne fait qu'entrevoir Mme Fenton tenter de faire douter de sa santé mentale la jeune Sophie mais c'est bien présent et par conséquent on imagine assez vite que les événements tragiques de l'enfance de la jeune femme ne se sont pas exactement produits tels qu'ils sont présentés.
Ensuite l'amnésie, une autre figure familière du film noir. Ici ce sont les souvenirs enfouis dans l'inconscient de Sophie concernant les circonstances de la mort de ses parents qui sont aussi la clé des événements présents et d'ailleurs, lorsque sa mémoire commencera à revenir, elle s'exposera évidemment à un danger supplémentaire.

Dans un tel contexte, si Somers avait cru dans un premier temps trouver un emploi très tranquille dans un joli coin de campagne anglaise, en apparence un contexte très éloigné de la vie dangereuse et trépidante qu'il avait pu mener durant sa vie d'agent britannique, il se rend vite compte que la situation familiale des Fenton est anormale et il devient évident qu'il a troqué son ancienne vie d’espion international pour se retrouver englué dans les eaux troubles d'un enfer domestique pas moins inquiétant et dangereux.
ImageImage
Son ancien métier est d'ailleurs d'une aide précieuse pour le couple. Oui, un couple, car évidemment le faux coupable – Sophie - prend la tangente avec son allier du sexe opposé dans une seconde partie très mouvementée qui rappelle fortement un autre Hitch. : Les 39 marches (dont Ralph Thomas réalisera d'ailleurs un remake quelques années plus tard). Car l'ancien agent britannique se sert opportunément de son réseau de vieux amis et de son savoir faire pour échapper aux recherches menées par la police renseignée et parfois guidée par les anciens collègues de Somers qui avaient gardé un œil sur lui ; son ancien chef, Chubb (André Morell) lançant l'un de ses meilleurs agents, Shipley (Kenneth More) à ses trousses. L'expérience de Somers permet cependant au couple d'échapper aux recherches au cours d'une cavale qui les voient se déplacer par tous les moyens : en voiture, en train, en métro, en bateau, à pied, dans une course poursuite passionnante qui nous entraîne du Hampshire, au sud de l’Angleterre, à Liverpool en passant par Londres, Newcastle et la région montagneuse de Lake District, donnant l'occasion au metteur en scène et à son directeur de la photographie d'opérer des ruptures visuelles très séduisantes puisque l'on passe de superbes séquences nocturnes (à la recherche de faux papiers dans les bas fonds de Newcastle, par exemple, et plus tard, dans le port de Liverpool) à de superbes et parfois assez spectaculaires séquences se déroulant dans les montagnes du nord de l'Angleterre.
ImageImage
Quelques séquences donnent d'ailleurs l'occasion à Trevor Howard de donner de sa personne dans quelques séquences d'action (lors de la traversée des chutes) ou plus tard dans le port de Liverpool mais il se sort surtout de situations délicates par la ruse : il se fait capturer volontairement (mais on ne le découvre qu'après coup) … pour mieux s'évader, favorisant ainsi la fuite de sa compagne. Il "s'éclate" donc … et on s'interroge même par moments sur ses motivations profondes. Il est certes visiblement très attiré par Sophie et c'est réciproque mais en raison de l'argument principal que Somers avance pour justifier de la nécessité de fuir sans délai, c'est à dire gagner du temps pour tenter de faire reconnaître l’innocence de Sophie en faisant appel à un avocat chevronné et en raison du fait que concrètement il n'en cherche aucun, on en vient à se demander si la fuite et toutes les situations dangereuses qu'il déjoue ce n'est pas aussi retrouver le goût du frisson et pour prendre une forme de revanche sur le service qui l'avait évincé injustement pour une erreur commise dans une carrière d'espion exemplaire jusque là.
ImageImage
Ce film là est presque un sans fautes, tout juste peut-on regretter un coupable trop évident (une scène en trop au début du récit aiguille vraiment sur ce point) et quelques petites invraisemblances mais le reste est très réussi. L'interprétation est parfaite (surtout celle du couple vedette mais Kenneth More est lui aussi très bien dans un rôle secondaire où l'espion loyal a du mal à cacher une forme d'admiration pour son adversaire, tout comme Barry Jones dans le rôle de Mr. Fenton) et on peut aussi saluer le beau travail de Geoffrey Unsworth à la photographie.

Un mot sur le metteur en scène. Ralph Thomas est davantage connu pour ses comédies, notamment la série des « Docteur » avec Bogarde (avec aussi BB dans le seul opus qui a été édité en DVD chez nous) et ses films de guerre (Opération Tirpitz, Le vent ne sait pas lire, Les conspiratrices), tous édités également mais il aura aussi réalisé d'autres films criminels : Enquête à Venise / Venetian Bird (1952), intéressant mais inférieur ; A tombeau ouvert / Checkpoint (1956), pas vu, et Les 39 marches (1959), honorable remake. Plusieurs films d'action de sa fin de carrière ont été diffusé à la télévision mais je ne suis pas y aller voir pour l'instant tant ces films, même un Bulldog Drummond avec filles sexy qui semblent surfer sur la vague James Bond  semblent facultatifs. vu en vost ('plusieurs fois diffusé à la télévision chez nous)
ImageImage






Image

kiemavel1
Messages : 502
Enregistré le : 06 juin 2015, 11:49

Re: La fille aux papillons - The Clouded Yellow - 1950 - Ralph Thomas

Message par kiemavel1 » 22 juil. 2019, 17:28

Extrait (pour avoir une idée des qualités visuelles du film) :


Avatar du membre
pak
Messages : 543
Enregistré le : 26 nov. 2012, 19:21
Contact :

Re: La fille aux papillons - The Clouded Yellow - 1950 - Ralph Thomas

Message par pak » 22 juil. 2019, 20:14

Un réalisateur que j'ai complètement négligé, peut-être parce que je me suis mis sur le tard au cinéma anglais.

En fait je n'ai vu de lui que le bon Opération Tirpitz, parce que j'ai eu ma période film de guerre (pas vraiment terminée d'ailleurs), mais les anglais sont généralement bons dans l'exercice du film de guerre maritime, donc il (Ralph Thomas) ne m'avait pas alors vraiment ébloui pour le sortir du lot. Même si j'ai longtemps fantasmé, sans l'avoir jamais vu, sur Plus féroces que les mâles, me disant que ça devait être un bon nanar (et du coup ça a refroidi mes envies d'aller voir plus loin concernant son auteur (comme quoi les idées préconçues... ), sans parler de la comédie Mon petit oiseau s'appelle Percy, il va très bien merci dont le titre français fait plutôt penser à un porno des années 1980...

A lire cet avis, et à voir sa filmo, quand même assez conséquente (et je subodore que sa meilleure période semble être les années 1950), il semble qu'il y ait quelques bons films à découvrir.
Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...

Michel Audiard

Avatar du membre
chip
Messages : 957
Enregistré le : 17 avr. 2007, 21:04

Re: La fille aux papillons - The Clouded Yellow - 1950 - Ralph Thomas

Message par chip » 23 juil. 2019, 08:06

Raymond Lefèvre et Roland Lacourbe semblent aussi apprécier dans " 50 ans de cinéma britannique " (éditions cinéma 76) : la fille aux papillons", " A tombeau ouvert ", " Opération Tirpitz " et beaucoup moins le reste de la filmo de Ralph Thomas .

Avatar du membre
chip
Messages : 957
Enregistré le : 17 avr. 2007, 21:04

Re: La fille aux papillons - The Clouded Yellow - 1950 - Ralph Thomas

Message par chip » 23 juil. 2019, 10:35

Je rectifie :? " 30 ans de cinéma britannique "

kiemavel1
Messages : 502
Enregistré le : 06 juin 2015, 11:49

Re: La fille aux papillons - The Clouded Yellow - 1950 - Ralph Thomas

Message par kiemavel1 » 23 juil. 2019, 15:10

chip a écrit : 23 juil. 2019, 10:35 Je rectifie :? " 30 ans de cinéma britannique "
J'avais justement pensé à jeter un oeil à ce bouquin pour compléter éventuellement la fin du texte … Mais finalement je ne l'ai pas fait. Je vais quand même le faire après coup pour avoir confirmation - ou non - concernant sa fin de carrière plutôt facultative

pak a écrit : 22 juil. 2019, 20:14 Un réalisateur que j'ai complètement négligé, peut-être parce que je me suis mis sur le tard au cinéma anglais.

En fait je n'ai vu de lui que le bon Opération Tirpitz, parce que j'ai eu ma période film de guerre (pas vraiment terminée d'ailleurs), mais les anglais sont généralement bons dans l'exercice du film de guerre maritime, donc il (Ralph Thomas) ne m'avait pas alors vraiment ébloui pour le sortir du lot. Même si j'ai longtemps fantasmé, sans l'avoir jamais vu, sur Plus féroces que les mâles, me disant que ça devait être un bon nanar (et du coup ça a refroidi mes envies d'aller voir plus loin concernant son auteur (comme quoi les idées préconçues... ),
A lire cet avis, et à voir sa filmo, quand même assez conséquente (et je subodore que sa meilleure période semble être les années 1950), il semble qu'il y ait quelques bons films à découvrir
Pareil. ll n'y a pas longtemps que je m'intéresse à Ralph Thomas. Pour une raison bien compréhensible : c'est qu'il reste encore tant de bons films à voir et qu'il est bien moins réputé que les grands anglais (Lean, Reed, Powell, etc …) et même moins que les Neame, Dearden, Boulting, Endfield, etc …

J'ai commencé par les 3 films de guerre cités plus haut, trouvables en DVD vraiment pour pas cher sur le net. J'ai bien aimé Tirpitz et Les conspiratrices mais oui le premier n'est pas non plus au niveau de : La mer cruelle ou Ceux qui servent en mer pour citer 2 jalons du film de guerre maritime britannique, sous genre où ils ont effectivement bcp donné.

Plus féroces que les males, pas vu non plus. Apparemment ce n'est pas un nanar mais plutôt du sous James Bond.
...sans parler de la comédie Mon petit oiseau s'appelle Percy, il va très bien merci dont le titre français fait plutôt penser à un porno des années 1980...
:mrgreen:

Sinon, oui, le meilleur de Thomas serait plutôt semble t'il à débusquer en début de carrière. Dans les 60th, il aurait - parait-il - fait pire avec : Dernière mission à Nicosie … qui sonne lui comme du Gérard de VIlliers :wink:

Comme les Boulting, les Thomas étaient deux. Le petit frère, Gérald, était lui un grand spécialiste de comédies (j'en ai vu … 0) mais il a réalisé aussi un bon film policier : The Vicious Circle. Comme c'était à la mode, on lui a trouvé un titre passe-partout et bien vendeur : Scotland Yard joue et gagne avec John Mills et Derek Farr. Ce n'est pas le meilleur des Scot - Yard mais il mérite d'être vu. Il a été diffusé à la télévision au moins en VF.

Répondre