La carrière de Edward L. Cahn, qui fut très chaotique, est une énigme. Après avoir été monteur, il aborda la réalisation au tout début des années 30 et signa très vite Law and Order, un excellent western qui aurait pu lancer sa carrière. Or, il n'en fut rien puisqu' il fut par la suite, très vite et pour 10 ans, confiné aux "shorts", ne revenant aux longs métrages qu'en 1945, Dangerous Partners n'étant que le 2ème film de cette seconde carrière. Même si le réalisateur est surtout connu pour ses westerns et ses films de science-fiction, il réalisa une bonne dizaine de films criminels, comme pour les autres genres qu'il aborda, oscillant entre la bonne petite série B et la série Z, le film du jour étant probablement l'un des plus sympathiques qu'il signa pour le film noir.
Si l'on creuse un peu, ces deux couples ne sont toutefois pas si ordinaires. Le couple d'aventuriers escrocs du début, celui de Carola (Signe Hasso) et Clyde, au sein duquel il est évident que c'est Carola qui porte la culotte (durant les séquences d'ouverture, n'arrivant pas à retourner le " cadavre " de l'homme à la mallette, elle réveille Clyde qui parait assez mal en point et elle le gifle violement pour le forcer à émerger plus vite de sa létargie. Il faut voir le petit sourire qu'ils échangent à la suite de ce sévère claquage de gueule marital inattendu … ). Puis, après l'assassinat de son mari, elle fait équipe avec Caign (James Craig), relation où elle n'occupe plus la position dominante et qui la fera progressivement changer, en partie en raison du caractère lui aussi bien trempé de Craig puis de l'évolution de la nature de leur relation, d'abord simple partenariat obligé afin de récupérer des magots visiblement convoités aussi par un homme - ou une organisation - n'hésitant pas à supprimer les gêneurs. Au tout début, on s'attend à voir sur la longueur une des plus impitoyables femmes fatales du genre : elle commence par dépouiller ce qui semble être un cadavre après avoir - dit elle - repéré et ciblé cet homme au cours du vol en raison de la façon dont il agrippait son attaché case … puis gifle violement, en y prenant un plaisir sadique, son mari … mais le personnage - malgré des retours en arrière (les tentatives de doubler son partenaire) - va évoluer de manière progressive dans un sens pas du tout attendu compte tenu de cette entrée en matière.
Le milieu du film est plus convenu mais le récit est animé par les trajets du couple dans l'est des USA pour récupérer les magots … et les méchants se font de plus en plus pressants. Quant à la partie finale où le couple se révèle finalement très patriote, elle est bien dans l'air du temps mais elle pourra faire sourire. C'était de bonne guerre … On croise quelques têtes bien connues. Au tout début, Horace - futur Stephen - McNally dans le rôle du co pilote survivant du crash, visiblement séduit par l'aventurière blonde. Un peu plus tard, Audrey Totter en chanteuse de Music Hall (elle chante … mais doublée), fiancée de la première victime (elle est à l'écran 15 min). Parmi les généreux "donateurs" : Felix Bressart … et surtout Edmund Gwenn, le père noël de Miracle sur la 34ème rue. Bien fait, sympathique … mais vite oublié. Vu (à peu près) en vost
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