Black Tuesday 1954 - Mardi, Ca Saignera - Hugo Fregonese

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Scarface
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Black Tuesday 1954 - Mardi, Ca Saignera - Hugo Fregonese

Message par Scarface » 18 oct. 2009, 22:45



Mardi, Ca Saignera, Hugo Fregonese

1954. Prod. : Leonard Goldstein Productions ; Durée : 80 mn ; Titre original : Black Tuesday - noir et blanc

Scénario : Sydney Boehm ; Musique : Paul Dunlap ; Photo : Stanley Cortez ; Montage : Robert Golden ; Dir.Art. : Hilyard Brown

J'ai dsl 7/10

Avec : Edward G. Robinson, Peter Graves, Milburn Stone, Warren Stevens, Jean Parker, Jack Kelly, James Bell, William Schallert, Edmund Cobb, John Close, Frank Ferguson, Harold Goodwin, Franklyn Farnum, Don Blackman

Synopsis:
La spectaculaire évasion d'un dangereux gangster, Vincent Canelli, peu de temps avant son exécution, qui en compagnie d'un autre détenu, va prendre des otages pour garantir sa fuite .....






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pass
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Re: Black Tuesday 1954 - Mardi, Ca Saignera - Hugo Fregonese

Message par pass » 08 janv. 2015, 19:10

Première représentation à Paris le 6 Mai 1955 en VF et VO .

Stark
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Re: Black Tuesday 1954 - Mardi, Ca Saignera - Hugo Fregonese

Message par Stark » 12 févr. 2017, 12:05

Trouver une copie de "Mardi, Ca Saignera" reste toujours impossible. Et ça reste un mystère : écrit par Sidney Boehm (Règlements de Comptes et une douzaine de films noirs), réalisé par Hugo Fregonese (The Raid, Apache Drums et le trop méconnu Six Convicts), photographié par Stanley Cortez (La Nuit Du Chasseur et tellement d'autres) et avec E G Robinson dans le rôle de Vincent Canelli, un violent tueur frénétiquement psychopathe. Cette dream team du film noir ont tourné ce polar qui donne vraiment envie.
J'ai pu voir une copie 16 mm et j'ai été un peu déçu. Certainement pas par la photographie de Stanley Cortez, le maître étant toujours inventif en cadrages et éclairages. Certainement pas par Robinson, son personnage est l'un des meilleurs de sa carrière et il est bien épaulé par Peter Graves (son ami puis sa victime) et Jean Parker. Je pense que le scénario de Sidney Boehm n'est pas assez fouillé, manquant de vitesse, de nervosité et de complexité, spécialement dans les deux premières parties, l'évasion et le hold-up. La troisième et dernière partie est plus atmosphérique avec la police attaquant le repère des truands dans un déluge de balles et de gaz. Mais ça reste un bon polar et souhaitons qu'une édition restaurée nous permette enfin d'apprécier à sa plus juste valeur un des plus rares films noirs (avec Baby Face Nelson).

kiemavel1
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Re: Black Tuesday 1954 - Mardi, Ca Saignera - Hugo Fregonese

Message par kiemavel1 » 12 févr. 2017, 23:52

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Réalisation : Hugo Fregonese / Production : Robert Goldstein (United Artists) / Scénario : Sydney Boehm / Photographie : Stanley Cortez / Musique : Paul Dunlap

Avec Edward G. Robinson (Vincent Canelli), Peter Graves (Peter Manning), Jean Parker (Hatti), Milburn Stone (Le père Slocum), Warren Stevens (Joey Stewart)
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Le gangster Vincent Canelli attend dans sa cellule du couloir de la mort d'une prison américaine son exécution imminente. Parmi les autres détenus, l'un de ses voisins de cellule, le jeune Peter Manning, un pilleur de banque condamné à mort pour avoir abattu un policier retient plus particulièrement son attention car il avait eu le temps de dissimuler les 200 000 $ qu'avait rapporté son dernier hold-up avant d'être arrêté. A l'extérieur, Hatti, la petite amie de Canelli et ses complices préparent l'évasion des deux hommes à l'issue de laquelle Canelli espère récupérer les 200 000 $ avant de se débarrasser de Manning et de s'enfuir en Amérique du sud avec Hatti. La nuit où les deux hommes doivent passer sur la chaise électrique, un complice usurpant l'identité d'un journaliste admis dans la salle où doit avoir lieu l'exécution permet l'évasion des deux hommes et des autres condamnés à mort. L'opération tourne au bain de sang et au cours de la fusillade Manning est grièvement blessé ce qui contrarie les plans de Canelli, l'obligeant lui et ses complices ainsi que leurs otages a trouver refuge dans un entrepôt désaffecté le temps que Manning crache le morceau ou soit suffisamment rétabli pour récupérer son argent…
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Black Tuesday fut le dernier film américain réalisé par Hugo Fregonese avant une fin de carrière européenne puis un retour en Argentine, son pays natal. Les distributeurs français de ce film de gangsters (plus que film noir) avait trouvé un titre relativement prometteur, évocateur (et superbe :o ) car effectivement c'est du brutal ! C'est même la violence du film qui fait sa singularité notamment à travers la personnalité et les actes commis par le personnage interprété par Robinson qui endosse un rôle de psychopathe qui pourrait faire passer ses gangsters énervés des années 30 pour des enfants de choeur. Ce film était peut-être une réponse à L'enfer est en lui (1949) et Le fauve en liberté (1950), deux films dans lesquels son concurrent James Cagney, l'autre petit teigneux du cinéma américain se montrait lui aussi plus violent qu'il ne l'était dans les années 30. On pourrait voir dans cet escalade de la violence une exagération volontaire de la menace représentée par les hors-la-loi pour justifier la répression plus sévère dans l'Amérique conservatrice des années 50 mais je ne sais pas si en l'occurrence c'était une volonté délibérée ou juste une façon pour les producteurs de reprendre une recette ayant fonctionnée ou une volonté de suivre une tendance du film criminel sur laquelle ils se seraient sentis obligé de s'aligner. C'était en tout cas un rôle en or pour le "grand" Edward, excellent en chef de gang grande gueule et provocateur qui se moque de Manning, celui qui est condamné à mort pour un unique meurtre alors que lui en a 17 au compteur (dans l'addition, il n'y a bien sûr pas les 7 ou 8 perpétrés au cours du film de Fregonese) ; qui cogne le gardien qui s'approche imprudemment un peu trop près de sa "cage" et qui ne va pas hésiter à cogner et tirer sur tout ce qui bouge durant l'évasion. Plus tard, on va le voir prêt à torturer Manning lorsqu'il comprendra que celui ci ne veut pas révéler où il a caché l'argent, and so on…Ce portrait d'un tueur irrécupérable va tourner dans le final au délire jusqu'au-boutiste car Canelli n'est pas du genre à négocier même quand tout semble perdu…
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Dans ce film inégal, le style personnel qu'était capable d'insuffler Hugo Fregonese dans ses meilleurs jours est évident dans de nombreuses séquences. Dès la séquence d'ouverture pré-générique, il parvient immédiatement à capter l'atmosphère de la prison. Fregonese filme en plan large les couloirs sombres de la prison et nous ne percevons que les bruits de pas d'un surveillant. Puis il montre en gros plan, à travers les barreaux de sa cellule un condamné noir qui soudain se saisit de son tabouret et commence à s'en servir comme d'un instrument de percussion et commence à chanter un blues. La caméra se déplace vers la cellule suivante ou nous voyons Vince Canelli tourner devant les barreaux de sa cellule comme un lion en cage puis celle ou se trouve Manning et enfin le voisin de ce dernier qui craque et hurle au chanteur : "Shut-up will you !" au moment ou le titre s'affiche. Ensuite, Fregonese va très vite pour exposer la situation. Dès la fin du générique, Fregonese nous montre les préparatifs de l'évasion à venir. Une voiture avec à son bord Hatti, la petite amie de Canelli et un complice, s'éloigne des abords de la prison et s'arrête devant une pile de journaux posée sur le trottoir par le vendeur ambulant. Fregonese nous montre brièvement la une évoquant la condamnation à mort de Canelli avant qu'une main ne passe par la portière et ne se saisisse d'un exemplaire. Puis la caméra s'élève, le véhicule filmé par le travers à hauteur de la portière permet une vue sur la rue mais Fregonese se concentre d'abord sur les 2 complices. Leur dialogue est interrompu par des poses car ils écoutent la radio qui évoque aussi le cas des condamnés à mort dont on apprend qu'ils doivent passer sur la chaise électrique au cours de la nuit du lendemain. Les 2 personnages évoquent l'affaire à leur tour avant qu'ils ne se tournent pour regarder passer le véhicule de celle dont on ne va pas tarder à faire connaissance : la fille d'un des gardiens qu'ils vont prendre en otage. Les séquences qui suivent sont tout aussi réussies : à la suite de la précédente, le vieux gardien rentre chez lui après sa journée de travail et trouve sur le canapé du salon, à la place de sa fille Ellen (Sylvia Findley), Hatti, qui lui explique froidement la situation. Puis, le lendemain matin, ce gardien, Norris (James Bell) est appelé par Canelli. Il est filmé en très gros plan se tenant debout entre les cellules des deux condamnés à mort, écoutant attentivement les deux hommes échangeant un dialogue qui l'interroge indirectement sur l'attitude qu'il va adopter. Fregonese scrute en gros plan son visage avec en arrière plan celui de Canelli inquiet et attendant une réponse avant qu'un hochement de tête du gardien ne fasse comprendre qu'il accepte le marché, les aider à s'évader contre la restitution de sa fille saine et sauve. En terme de mise en scène ; du grand art
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Puis, plus tard, toutes les séquences montrant la récupération de l'argent caché par Manning sont excellentes comme le sont d'une manière générale, toutes les scènes en extérieurs, ou plus précisément toutes celles qui se déroulent en dehors des deux lieux successifs ou l'essentiel de l'action se passe, d'abord dans la prison puis dans l'entrepôt. Elles permettent à Fregonese de montrer son savoir faire et son originalité dans des scènes qui aèrent un film moins intéressant dès que l'on retrouve l'univers confiné du vaste "cachot" que ce sont choisi les gangsters. Si l'atmosphère claustrophobique lui convient moins, c'est surtout en raison de la faiblesse relative des personnages obligés de cohabiter. Car au bout de 25 minutes, quelques minutes après l'évasion à l'issue de laquelle Canelli fait une nouvelle fois la preuve de sa "loyauté" en virant les autres détenus dont il avait facilité l'évasion, on se retrouve dans l'entrepôt que l'ensemble des protagonistes ne quitteront presque pas.

Or, si le duel Canelli/Manning est intéressant pour le petit jeu du chat et de la souris qui s'instaure entre les deux -Peter Graves étant d'ailleurs de manière surprenante beaucoup moins inerte que d'habitude- les autres personnages et leurs relations sont nettement moins intéressantes. Aucun complice de Canelli ne sort de l'anonymat ; un tout petit peu plus Hatti (Jean Parker) et si certains des otages sont mieux caractérisés, ce n'est pas toujours avec bonheur. Les voici ces passeports pour quitter le pays voulus par Canelli : Ellen, la fille du directeur de la prison ; le journaliste dont un complice de Canelli avait usurpé l'identité ; un médecin ; un gardien ; un flic…et le père Slocum, l'aumonier de la prison. Les seuls personnages a être véritablement exploités par le scénariste et qui ont des lignes significatives sont Ellen qui va tenter d'humaniser le plus récupérable -du moins le croit-elle- des deux meneurs. Elle va même sembler tomber sous le charme du beau tueur sans que l'on puisse parler de romance ni même seulement d'une esquisse de romance car Manning va se montrer intraitable.

Dans ce final, au delà sans doute de la volonté de ne pas trahir la noirceur du récit, on sent aussi tout de même une volonté de n'offrir aucune chance à ces affreux personnages qui doivent payer. Le final hautement moralisateur (mais qui fait son petit effet) avait été préparé avec ce personnage d'aumônier qui est l'autre personnage secondaire important. Il est même très présent dans la dernière partie du récit (sans que cela soit redoutable)….de même que les policiers, eux aussi intraitables. Le chef des forces de police (interprété par Frank Ferguson) se montera inflexible refusant de négocier avec le gang quitte à sacrifier les otages. Un dialogue entre un officier de police et l'aumônier retenu en otage est même involontairement ironique lorsque le flic finira par lui dire " God forgive me but I can't really help you"…le coté inhumain, qui existe des deux cotés, avait déjà été montré plus tôt. Pour une fois, on ne trouvait pas de gardiens sadiques mais juste avant l'exécution, les autorités judiciaires avait tenté une sordide négociation avec Manning, lui offrant un sursit de 10 jours contre la restitution du magot !

Les autres talents. On ne peut pas trop profiter de la photographie de Stanley Cortez car les copies disponibles ne rendent pas grâce à son travail même si j'ai découvert récemment une copie supérieure à celle que je possédais jusque là. Le scénariste Sydney Boehm (High Wall, Undercover Man, Side Street, The Big Heat, Rogue Cop, Six Bridges to Cross, etc…) a déjà été plus inspiré mais ça reste un scénario assez solide. Aucune réserve en revanche en ce qui concerne la belle musique due à Paul Dunlap. Un assez bon film…mais selon moi pas un indispensable.
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kiemavel1
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Re: Black Tuesday 1954 - Mardi, Ca Saignera - Hugo Fregonese

Message par kiemavel1 » 13 févr. 2017, 00:01

Stark a écrit : 12 févr. 2017, 12:05 Trouver une copie de "Mardi, Ca Saignera" reste toujours impossible. Et ça reste un mystère : écrit par Sidney Boehm (Règlements de Comptes et une douzaine de films noirs), réalisé par Hugo Fregonese (The Raid, Apache Drums et le trop méconnu Six Convicts), photographié par Stanley Cortez (La Nuit Du Chasseur et tellement d'autres) et avec E G Robinson dans le rôle de Vincent Canelli, un violent tueur frénétiquement psychopathe. Cette dream team du film noir ont tourné ce polar qui donne vraiment envie.
J'ai pu voir une copie 16 mm et j'ai été un peu déçu. Certainement pas par la photographie de Stanley Cortez, le maître étant toujours inventif en cadrages et éclairages. Certainement pas par Robinson, son personnage est l'un des meilleurs de sa carrière et il est bien épaulé par Peter Graves (son ami puis sa victime) et Jean Parker. Je pense que le scénario de Sidney Boehm n'est pas assez fouillé, manquant de vitesse, de nervosité et de complexité, spécialement dans les deux premières parties, l'évasion et le hold-up. La troisième et dernière partie est plus atmosphérique avec la police attaquant le repère des truands dans un déluge de balles et de gaz. Mais ça reste un bon polar et souhaitons qu'une édition restaurée nous permette enfin d'apprécier à sa plus juste valeur un des plus rares films noirs (avec Baby Face Nelson).
Je trouve que c'est plutôt dans le hangar que le film se délite un peu. J'ai l'impression que le jeu du chat et de la souris entre les deux tigres (Robinson et Graves) n'est pas suffisamment tenu et "réalimenté" et surtout que les principaux personnages secondaires sont assez faibles : la fille du gardien, le "curé" …Mais je suis d'accord, tout de même un bon polar. Le film a effectivement besoin d'une grosse restauration mais ne rêvons pas trop ... Par contre, il y en a bien d'autres des films noirs assez rares et uniquement visibles dans des copies vilaines ...

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