[28/08/2019] L'Héritage des 500 000 (Carlotta)

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pak
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[28/08/2019] L'Héritage des 500 000 (Carlotta)

Message par pak » 31 août 2019, 21:31

Nous connaissons tous l'immense acteur japonais que fut Toshirō Mifune, peut-être ou quasiment le seul acteur nippon un peu connu en occident durant des décennies, avec son cadet Sonny Chiba.

Star au Japon, il a régulièrement participé à des films arrivés jusqu'à nos contrées, car être l'un des acteur fétiches d'Akira Kurosawa, ça aide, ou à des productions plus occidentales comme le biopic sur MacArthur, Inchon de Terence Young (1979), la mini-série à succès Shogun qui avait cartonné un peu partout, notamment en France lors de sa diffusion sur TF1 en 1983 (souvenir ému télévisuel aux côtés de ma mère), le délirant 1941 de Spielberg, le curieux Qui a tué le président ? (Winter kills) de William Richert (1979), qui revenait à sa manière sur l'assassinat de Kennedy (avec un casting impressionnant : Jeff Bridges, John Huston, Anthony Perkins, Eli Wallach, Sterling Hayden, Dorothy Malone, Tomas Milian, Richard Boone, Brad Dexter... ), le blockbuster guerrier La Bataille de Midway, le guerrier moins spectaculaire mais passionnant Duel dans le Pacifique de Boorman, Le Tigre de papier (Paper Tige) de Ken Annakin (1974), le western européen Soleil rouge avec Bronson et Delon, bien-sûr, etc... un talent qui s'est donc fait connaitre hors de ses frontières.

Ce qu'on sait moins, c'est que l'acteur a réalisé, bon juste une fois. C'est ce film que Carlotta propose, L'Héritage des 500 000, qui était inédit en France jusqu'à sa présentation en salles tout récemment, le 03/04/2019. Son film sort au Japon fin avril 1963. On peut se demander comment Mifune a trouvé le temps de le mettre en boite, sachant qu'à époque, il enchaine film sur film, jusqu'à cinq la même année ! Le tournage a dû être rapide et les moyens limités. D'ailleurs le récit se déroule dans la jungle avec très peu de personnages.

Puisqu'on évoque le récit, le scénario voit un homme contraint de retourner dans les Philippines où 500 000 soldats ont trouvé la mort pendant la guerre, île sur laquelle il a lui-même combattu. Ayant participé à l’ensevelissement de plusieurs milliers de pièces d’or dans la jungle, il est sollicité pour partir à la recherche du magot, et on ne lui guère le choix. Forcément, dans son errance à travers la jungle, les souvenirs de la guerre et les fantômes des morts vont revenir le hanter.

Le scénario s'inspire d'une légende tenace. Comme les allemands en Europe, les Japonais ont pillé tous les pays qu'ils ont occupé. Pour soutenir leur effort de guerre, palier à leur manque de matières premières, et pour certains, aussi, pour s'enrichir. Une partie du produit de ce pillage en règle, faite d'or et d'objets précieux, aurait été mise dans des coffres dans le but de les convoyer au Japon. Ce butin de guerre a été acheminé aux Philippines, puis devait partir pour la mère patrie. Sauf que le Japon a rapidement perdu la maitrise des eaux et des airs, et le trésor resta sur place. Il a donc été décidé de l'éparpiller sur plusieurs sites cachés en attendant des jours meilleurs. Le général Yamashita, commandant des forces japonaises aux Philippines en 1944, aurait mené à bien cette mission. La légende de "l'or de Yamashita" trouve là sa source. Sauf que le Japon perdit la guerre. Et Yamashita fut exécuté par les américains en 1946 pour crimes de guerre. Peut-être un peu trop rapidement car depuis, le trésor n'aurait pas été retrouvé. Avec le temps, divers bruits, légendes et rumeurs ont circulé, mêlant services secrets américains, famille impériale, guerre froide et corruption du régime philippin. Depuis, on ne compte plus les tentatives de recherches, privées ou financées, de ce trésor qui, peut-être, n'existe pas car il n'y a plus de témoins d'époque, pas de traces écrites, rien... à par la rumeur...

Un sujet intéressant donc, même si à sa sortie en France cette année, les critiques ont été assez peu enthousiastes, sans pour autant démolir le film. On remarquera dans les crédits du générique la présence du maitre Kurosawa qui semble avoir, sinon supervisé, au moins conseillé au montage. Et le scénario est signé Ryûzô Kikushima, récurrent collaborateur de ce dernier. Donc le film semble être né sous une bonne étoile.

A juger désormais sur pièce puisque l'éditeur Carlotta nous propose le film restauré en Blu-ray ou en DVD (et pas en combo, merci ! ).

Un fac-similé du dossier de presse d’époque est fourni, mais... en japonais. En bonus dans les galette, une présentation de Pascal-Alex Vincent, enseignant et réalisateur, le documentaire Mifune, le dernier des samouraïs de Steven Okazaki (2016, HD, 1h20), et la bande-annonce 2019.

Disponible dans les bacs depuis le 28 août, en VOst uniquement.

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Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...

Michel Audiard

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