Eight Iron Men - Edward Dmytryk - 1952

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kiemavel1
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Eight Iron Men - Edward Dmytryk - 1952

Message par kiemavel1 » 02 nov. 2015, 14:26

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Pendant la seconde guerre mondiale, 7 hommes isolés du gros de leur troupe et retranchés dans une habitation en ruine s'interrogent sur l'attitude à adopter quand un de leur camarade se retrouve coincé à l'extérieur, bloqué dans un trou d'obus dans une rue de la ville en raison de la présence d'un poste de mitrailleuses ennemis qui interdit sa fuite. Une décision urgente s'impose d'autan plus que des rumeurs circulent laissant penser que les troupes américaines s'apprêtent à quitter la ville incessamment. Des tensions apparaissent très vite au sein du groupe, certains hommes ne semblant pas prêts à risquer leur peau pour leur camarade. Le chef d'escouade, le sergent Mooney (Lee Marvin) est de ceux qui seraient prêts à prendre le risque de sortir le soldat Small de sa situation désespérée mais lorsqu'il parvient à le contacter, son supérieur lui interdit d'intervenir et lui donne l'ordre d'attendre le signal du départ…
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Ce film de guerre d'Edward Dmytryk souffre un peu de son origine théâtrale. C'est l'adaptation d'une pièce de Harry Brown, un vétéran de la campagne d'Italie, qui s'est sans doute inspiré d'une expérience personnelle. On ne voit presque rien de la petite ville détruite à la suite d'un bombardement intensif. On ne voit guère plus loin que les perspectives offertes à cette petite unité isolée constituée d'hommes fatigués, coincés dans un bâtiment en ruine où se déroule plus des 3/4 de l'action. Si l'on sort bien à plusieurs reprises, essentiellement la nuit pour ne pas risquer de s'exposer aux tireurs embusqués ennemis, les scènes purement guerrières sont rares. Le jour : on se terre ; on attend ; on panse ses blessures physiques et morales ; on lutte contre l'ennui ; on se repose (et on dort…et lorsque l'on dort, on rêve et malheureusement ces scènes sont totalement ratées)…et surtout on parle. Dmytryk et son auteur/scénariste tentent de montrer ce qui pouvait constituer ces moments "d'entre les batailles". La monotonie et l'ennui que l'on tente de combattre ; la solidarité et l'amitié qui s'entretiennent y compris dans les moments calmes (…une séquence de partage d'un gâteau) ou comment la présence de soldats sans angoisses -ou les dissimulant bien- permet d'apporter un peu de sérénité au sein d'une unité sous tension. Mais il est compliqué d'intéresser avec la banalité, en montrant le marasme des soldats (tout le monde n'est pas Fuller ou Wellman) et le film devient plus intéressant avec ce qui est au coeur du film, le dilemme moral qui se pose aux camarades du "private" Small coincé dans ce qui reste des lignes ennemis.
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Doit-on tout faire pour le sauver quitte à risquer la vie d'autres hommes ? (question posée plus tard dans un célèbre film de Spielberg). On s'y essaie (un peu), en vain, car le poste de mitrailleuses allemand semble imprenable. Et d'ailleurs, dans ce film de guerre on ne se bat presque pas même si le bruit de la guerre est lui omniprésent. En revanche, on parle beaucoup. Les tensions montent entre les 7 hommes qui ne s'entendent guère sur l'attitude à adopter même si la majorité "décidante" aurait envie de sauver Small bien qu'ayant reçu l'ordre de ne pas le faire. Au moins 4 ou 5 personnages sont traités à égalité. Lee Marvin, qui était dans un de ses premiers films, n'est pas mieux servi que les autres. Il interprète le sous-officier dur à cuire qui bien que soucieux de ses hommes ne veut pas aller contre les ordres reçus. Arthur Franz est le plus décidé à sauver son camarade ; Richard Kiley est à l'opposé le moins enclin à risquer sa peau pour un autre. Il est de ceux qui le croient mort… ou qui le voudraient puisque la sortie en deviendrait inutile. Entre ces deux positions : Nick Dennis, dans un de ses rôles à accent (il est grec) est de quelques scènes qui peuvent faire sourire ; James Griffith, sombre et individualiste et l'ex enfant-acteur Dickie Moore complètent le plateau de seconds couteaux. Quant à l'acteur américain Bonar Colleano (qui fit l'essentiel de sa carrière en Grande-Bretagne), c'est presque lui la véritable tête d'affiche. C'est la personnalité la plus marquante et c'est lui qui trouve la solution dans un épilogue anti-spectaculaire au possible mais réussi. Il est aussi malheureusement celui qui est le plus souvent utilisé pour montrer les rêveries des soldats mais alors les fantasmes du fantassin américain risquent de faire sourire ou d'affliger. Les scènes de rêve (il y en a 3 ou 4) sont de mon point de vue complètement ratées voir ridicules alors que Raoul Walsh dans Les nus et les morts (1958) fera passer de manière beaucoup plus habile des scènes casse-croutes analogues.
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Dans son autobiographie, Dmytryk a souligné le renfort non négligeable qu'avait apporté Lee Marvin -qui avait servi dans le pacifique durant la guerre- pour rendre plus authentique certains aspects. Il avait ré-habillé l'ensemble de l'escouade jusqu'à ce que les soldats ressemblent vraiment à un groupe de GI en opération. Dmytryk rapporte que Marvin pouvait imiter le son de n'importe quelles armes, type d'obus, etc…et qu'il a tenu à ce que l'on voit à l'écran ce à quoi ressemblait des cadavres laissés sur le champ de bataille. D'autre part, le plan sur Lee Marvin qui cloture le film est mémorable. On voit l'ensemble des soldats quitter leur abris précaire suivis de Marvin qui au moment de passer le trou béant qui servait de porte, se retourne, contemple le chaos puis crache par terre. Bilan : pas mauvais mais les fameuses séquences montrant les rêves vaguement érotiques des soldats gâchent le spectacle.

Réalisation : Edward Dmytryk / Production : Stanley Kramer (Columbia) / Scénario : Harry Brown / Photographie : J. Roy Hunt / Montage : Aaron Stell / Musique : Leith Stevens
Avec Bonar Colleano (le soldat Collucci), Arthur Franz (Carter), Lee Marvin (Le sergent Joe Mooney), Richard Kiley (Coke), Nick Dennis (Sapiros), James Griffith (Ferguson).
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chip
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Re: Eight Iron Men - Edward Dmytryk - 1952

Message par chip » 02 nov. 2015, 15:45

Jamais vu cet inédit. Tavernier et Coursodon nous disent dans " 30 ans de cinéma américain" que Harry Brown, auteur du scénario de " the sniper", détesta le travail de Dmytryk. Les présences de Marvin, dans un de ses premiers rôle et de Mary Castle, clone de Rita Hayworth , vue dans moult westerns B me donneraient envie de voir ce film, ce qui n'est pas le cas du petit cabotin Nick Dennis.

kiemavel1
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Re: Eight Iron Men - Edward Dmytryk - 1952

Message par kiemavel1 » 02 nov. 2015, 17:01

Nick Dennis en fait souvent des tonnes. Ici, c'est plutôt moins que dans Man in the Dark !
Mary Castle, j'aime assez mais le problème c'est que les fantasmes des GI dans lesquels elle apparait prêtent à sourire...

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pak
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Re: Eight Iron Men - Edward Dmytryk - 1952

Message par pak » 03 nov. 2015, 09:57

Ce film semble se rapprocher de l'ambiance de L'enfer est pour les héros (Hell Is for Heroes) de Don Siegel.

En tous cas, Lee Marvin, moi ça me suffit pour avoir envie de voir ! Heureux cinéphile !
Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...

Michel Audiard

kiemavel1
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Re: Eight Iron Men - Edward Dmytryk - 1952

Message par kiemavel1 » 03 nov. 2015, 13:58

pak a écrit :Ce film semble se rapprocher de l'ambiance de L'enfer est pour les héros (Hell Is for Heroes) de Don Siegel.

En tous cas, Lee Marvin, moi ça me suffit pour avoir envie de voir ! Heureux cinéphile !
C'est aussi pour Lee Marvin que j'ai voulu le voir. Dmytryk étant lui très inégal mais il a réalisé des chefs d'oeuvre célèbres : Murder my Sweet, Warlock voir Crossfire et des très méconnus : So Well Remembered et Christ in Concrete. Les deux derniers doivent sortir du placard...C'est pas possible :o

Il faut que je prenne mes marques et que je pense à signaler B-R ou DVD à chaque fois qu'ils existent. Parce que celui ci aussi est visible sans trop de difficultés mais par contre c'est de la vo pure

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