[06/03/2019] Diên Biên Phú / Le Crabe tambour (Studiocanal)

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pak
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[06/03/2019] Diên Biên Phú / Le Crabe tambour (Studiocanal)

Message par pak » 17 mars 2019, 17:55

En parallèle de la sortie de La 317ème section, deux autres films restaurés de Pierre Schoendoerffer sont édités par Studiocanal sur support Blu-ray.

Il s'agit des titres Le Crabe tambour et Diên Biên Phú.


Le Crabe tambour, comme La 317ème section, est adapté d'un roman de l'auteur. Faut-il vraiment présenter ce classique, peut-être le meilleur film de la relativement courte filmographie de Schoendoerffer ?

Même si ici le contexte est celui de la marine, le film n'est rien d'autre que le portrait de l'armée française après des décennies de désillusions, de défaites, de "sales" guerres (la décolonisation), mais aussi d'aventures, de reconstruction, aussi, bien-sûr, le portrait des hommes qui la composent. Ou plutôt des survivants, 30 ans après la libération. De ceux qui ont pu être des libérateurs en 1944-45, pour devenir occupants par la suite. Qui ont fait le boulot, le sale aussi... De leur perception de l'honneur et du sens du devoir. Quelque part, Schoendoerffer parle de lui-même aussi, car la chose militaire, il l'a côtoyée de près, au point d'avoir été prisonnier de guerre. Le Crabe tambour est un témoignage d'une époque révolue et d'hommes qui n'existent plus car ils ont grandi dans la guerre. Dans les guerres...

L'auteur mise sur l'authenticité (et les acteurs du casting donne vraiment l'impression d'être des militaires de carrière) et n'offre pas de jugement. Il constate, à nous de nous poser les questions et de faire nos réponses. Mais 50 ans après la sortie du film, avons-nous, dans notre société confortable (même si récemment violemment remise en cause) encore les éléments pour répondre à ces questions ? Reste un beau film, couronné par 5 nominations aux César du cinéma 1978, dont 3 récompenses (meilleur acteur pour Jean Rochefort, meilleur second rôle pour Jacques Dufilho et meilleure photographie pour Raoul Coutard).



Diên Biên Phú c'est bien-sûr l'évocation de cette dernière grande bataille de la guerre d'Indochine, qui mettra à genou l'armée française et aboutira à la fin de ce conflit (provisoirement, car devenue Vietnam, cette région s'enflammera de nouveau quelques années plus tard). Diên Biên Phú, Pierre Schoendoerffer l'a bien connu, il y a participé et vivra sa chute, ainsi que ses conséquences (le camp de prisonniers). A jamais marqué par son expérience, il fera continuellement référence à cette guerre, jusqu'à son dernier film Là-haut, un roi au-dessus des nuages, qui reprend des images de La 317ème section pour ses flashbacks.

Fidèle à sa méthode, l'auteur va dessiner plusieurs portraits, fictifs, mais inspirés des hommes qu'il a croisé et dont il a partagé le destin tragique, certains n'ayant d'ailleurs pas survécu à la bataille. Il ne cherche ni à enjoliver, ni à dramatiser, les images devant parler d'elles-même. Il est vrai que la reconstitution est bluffante, Schoendoerffer ayant disposé d'un confortable budget, ainsi que d'une grande aide logistique du Vietnam lui-même, le tournage ayant lieu dans le pays. Car l'auteur a voulu que le film soit celui de la réconciliation. Aussi aucune manipulation manichéenne ne vient noircir le méchant coco asiatique, et pas de ralenti sur fond de musique classique sur un pauvre soldat français fauché par une rafale... Mais, cette rigueur toute militaire, et historique, est peut-être ce qui fait la limite du film, où l'ennui pointe sa piquante baïonnette durant les 130 minutes que dure le film, et le quasi anonymat du casting (même si on y croise Patrick Catalifo, Maxime Leroux ou François Négret, Jean-François Balmer) freine aussi l'empathie pour ces sacrifiés de la Quatrième République. Le film sera d'ailleurs un échec, n'atteignant pas le million d'entrées alors que le plus glamour Indochine sorti la même années (1992) dépassera les 3 millions...



Studiocanal permet de revoir ces films dans de bonnes conditions, d'ailleurs avec La 317ème section, cela permet de voir quelques-uns des rares films qui abordent le conflit indochinois alors que les américains ont depuis les années 1970 sortis des films sur (ou évoquant) la guerre du Vietnam par paquets de douze.


Hélas, aucun suppléments dans la musette, et il faudra passer par la caserne FNAC pour les acquérir, puisque l'éditeur a signé un accord d’exclusivité avec l'enseigne...



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Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...

Michel Audiard

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