Il n'y a pas qu'aux États-Unis qu'une frange du cinéma s'est attelé à développer une ambiance de paranoïa dans les seventies. En Europe aussi on a eu nos réussites dans le genre..
Notamment ce Cadavres exquis (Cadaveri eccellenti) de Francesco Rosi, producton franco-italienne de 1975.
L'ossature de l'intrigue est classique et souvent utilisée aussi dans le roman : une série de meurtres (ici des magistrats) va amener un enquêteur à mettre les pieds et les yeux où il ne fallait pas, provoquant la réaction de forces obscures pas favorables à ce que la vérité soit faite. Et bien-sûr la machination n'est pas loin...
Bien qu'issu d'un roman, le scénario est clairement une allégorie sur la situation politique de l'Italie, sa bourgeoisie antipathique et sans empathie, la démocratie chrétienne qui n'a de chrétien que le nom, l'ombre de la mafia, l'extrême droite... Homme de gauche, Rosi prend aussi ses distances avec les gauchistes et autres révolutionnaires. Les pistes politiques sont brouillées, et on ne sait plus qui veut renverser qui. Rosi nous perd parfois dans ces méandres complotistes.
Lino Ventura, en homme qui traque devenant traqué est dans son élément, et le film trouve des résonances chez Costa-Gavras, même s'il n'en a pas forcément la force. Le casting, comme souvent à l'époque dans le cinéma italien, est hétéroclite, puisqu'on y croise des acteurs français (Lino Ventura, Marcel Bozzuffi, Charles Vanel, Alain Cuny), espagnol (Fernando Rey), suédois (Max von Sydow) en plus du casting italien dans les rôles principaux.
David 1976 du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Cadavres exquis était il me semble inédit en DVD. Ce n'est plus le cas. L'éditeur indépendant Colored Films proposera le titre début février, uniquement en DVD. En bonus, un entretien avec l'historien cinéma Italo Moscati.
Pas de VF, seule la piste italienne est incluse.
[05/02/2019] Cadavres exquis (Colored Films)
[05/02/2019] Cadavres exquis (Colored Films)
Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...
Michel Audiard
Michel Audiard