Je suis un évadé (I am a fugitive from a chain gang) 1932
A la fin de la Première guerre mondiale, James Allen (Paul Muni), ancien combattant, tente de faire carrière dans la construction, mais la crise économique l'oblige à accepter divers petits boulots pour survivre. Il se retrouve un jour mêlé à un hold-up dans un restaurant et condamné à dix ans de bagne.
Adapté des mémoires de Robert Burns, encore recherché par la police au moment du tournage, Je suis un évadé est une mise en cause d'une rare violence du système judiciaire et des conditions de détention dans les geôles américaines. Mervyn LeRoy, soucieux de réalisme, évite toute représentation hollywoodienne du bagne : c'est au contraire un véritable enfer qu'il décrit et que la plupart des films de prison ne réussiront pas à égaler. Dans le même temps, le film dénonce à la fois le traitement réservé aux vétérans de la Première guerre mondiale et une société capable de placer un innocent derrière les barreaux. Enorme succès commercial, le film contribua à faire voter des réformes pénitentiaires dans plusieurs Etats. On n'est pas près d'oublier le plan final du visage de Paul Muni s'enfonçant dans la nuit…
Un véritable chef d’œuvre du cinéma américain avec l’un des meilleurs acteurs des années trente : Paul Muni dirigé par Mervyn LeRoy. Un must !
La Mauvasie Graine (The Bad Seed) 1956
Elevant seule sa fille Rhoda, 11 ans, Christine Penmark est bouleversée à l'annonce de la mort de Claude, camarade de classe de Rhoda. Peu après, Christine doit se rendre à l'évidence : sa fille a froidement tué le petit garçon. Elle découvre alors que Rhoda, adoptée quand elle était bébé, est en fait la fille d'une meurtrière qui a défrayé la chronique il y a quelques années…
Tirée d'une pièce jouée à Broadway à guichets fermés, La Mauvaise graine a été réalisé à une époque où la société américaine s'inquiétait de la montée de la délinquance juvénile. Réduisant l'espace à un huis clos étouffant, Mervyn LeRoy fait partager au spectateur le sentiment qu'a la mère d'être prise au piège dans un étau qui se referme lentement sur elle…
Thriller redoutablement efficace, La Mauvaise graine suscite un malaise digne d'Hitchcock ou de Polanski. On n'avait encore jamais vu de fillette meurtrière à Hollywood et la censure imposa au réalisateur une fin plus "morale" que celle de la pièce. Dans le rôle de la petite criminelle, Patty McCormack - qui reprend le rôle qu'elle avait tenu au théâtre – est prodigieuse en monstre froid et calculateur.
Comme un torrent (Some came running) 1958
Dave Hirsch a publié un roman il y a plusieurs années, mais n'a pas poursuivi sa carrière littéraire. Démobilisé après la guerre,
il revient dans sa ville natale en compagnie de Ginny, une prostituée qu'il a rencontrée dans un bar. Peu après son retour, il
devient ami avec Bama, un joueur professionnel. Mais il se retrouve en butte à l'hostilité de son frère Frank, notable local,
qui n'apprécie guère ses fréquentations. Au cours d'une soirée, Dave fait la connaissance de Gwen French, professeur de
littérature, qui l'encourage à renouer avec l'écriture…
Dans cette superbe adaptation d'un best-seller de James Jones, à qui on doit aussi Tant qu'il y aura des hommes, Vincente Minnelli fustige le conformisme étouffant d'une petite ville, comme il en existe tant aux Etats-Unis. Pétrie de préjugés, la "middle-class" qu'il dépeint préfère se réfugier dans l'hypocrisie coupable que d'affronter la réalité - au risque de détruire les êtres libres et vulnérables que sont Dave, Ginny et Bama. L'arrivée de Dave, campé avec force par Frank Sinatra, agit
comme un catalyseur sur les autres personnages et les précipite vers leur perte. Jamais la mise en scène de Minnelli n'a autant ressemblé à celle d'un opéra : la confrontation entre les deux femmes que tout oppose - Ginny, la prostituée généreuse, et Gwen, l'intellectuelle raidie dans sa dignité - est d'ailleurs filmée comme une aria. Tragédie baroque, aux couleurs savamment étudiées, Comme un torrent réunit des comédiens exceptionnels, dont Shirley MacLaine, qui n'a jamais été aussi émouvante.
Un homme change son destin (The Stratton Story) 1949
Issu d'une modeste famille d'agriculteurs, Monty Stratton devient, à force de persévérance, champion de base-ball. Mais à la suite d'un banal accident de chasse, il perd sa jambe et doit renoncer au sport. D'abord accablé, Stratton tente peu à peu de surmonter son handicap et de se battre pour sa dignité avec l'aide de son épouse…
Adapté de l'histoire réelle du champion Monty Stratton, Un Homme change son destin affirme une confiance inébranlable en l'être humain, capable d'affronter l'adversité, quelles que soient les circonstances tragiques qui s'acharnent sur lui. Il faut dire que le film a été réalisé au lendemain de la guerre, à une époque où l'Amérique a besoin de croire en l'avenir. Tout en tissant un récit profondément émouvant, le cinéaste évite l'écueil du sentimentalisme et du pathos.
Réalisateur de Vainqueur du destin (1942) avec Gary Cooper, où il était déjà question de base-ball, Sam Wood dirige magistralement les séquences sportives. Alors que la MGM avait d'abord envisagé de confier le rôle principal à Van Johnson, puis à Gregory Peck, c'est Monty Stratton lui-même qui choisit d'être incarné à l'écran par James Stewart. Par chance, le studio écouta l'avis du champion : crédible de bout en bout, le comédien se révèle bouleversant en homme meurtri qui parvient malgré tout à renverser la fatalité. June Allyson, récemment décédée, incarne une fois de plus sa femme. Une très belle leçon de courage.
Warner France édite aujourd’hui ces quatre filmS.
VOST uniquement et absence du commentaire audio du DVD zone 1 sur Je suis un évadé.
Un homme change son destin est la réplique du zone 1 avec VF.
Une très bonne fournée.
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Remerciement à Warner France pour les synopsis et visuels
