Heu, y en a quelques uns, je les cite parce que je les ai vu, mais ce n'est pas pour ça qu'il faut forcément les voir...
Pour continuer, disons que la réponse américaine est, certes, plus simpliste, mais préfère traiter un problème en l'éradiquant, d'où un cinéma de genre qui perdure, dans lequel les bad guys finissent généralement mal, régulièrement de manière spectaculaire. Pas pour autant que dans le réel la vie s'améliore, mais le temps un film, une sorte d'effet catharsis a rassuré ou conforté l'américain moyen.
En France, la réponse est plus politique ou sociale, oui, mais en forme de constat d'échec, du moins c'est mon impression. Alors que le mal est "fictionnellement" vaincu dans le cinéma hollywoodien, il ne l'est pas forcément chez nous, limite rarement d'ailleurs.
Brisseau, dans son magnifique
De bruit et de fureur (à mes yeux, il n'a jamais fait aussi bien), est l'exemple même de ce que j'essaye d'expliquer. La poésie du regard ne peut résister à la misère sociale, et la situation des protagonistes sera mille fois pire à la fin qu'au début du film. Pas plus radical comme constat d'échec. Et 7 ans plus tard, avec
La Haine, Mathieu Kassovitz, malgré ses tics de mise en scène plus maniérés, ne fait que creuser le même sillon, avec une conclusion différente dans la forme mais identique dans le fond.
Ces deux exemples ne font que suivre une tradition cinématographique à la française. Giovanni le faisait déjà, notamment à travers son film
Deux hommes dans la ville. Certes le trait est forcé à travers un destin et un flic qui s'acharnent. Mais ces deux derniers sont la représentation de la chape sociale écrasant une couche de la population depuis des lustres. On pourrait ainsi remonter le temps, avec par exemple
Chiens perdus sans collier dans les années 1950 ou
L'Enfer des anges à la fin des années 1930 dans lequel on parlait, déjà, de bandes de la cité livrées à elles-mêmes vendant de la drogue : sûr que si le film était sorti en 1939 au lieu d'attendre 1941 et la vision de Vichy, la fin aurait été on ne peut plus dramatique dans le montage final.
Une fatalité sociale cinématographique née en grande partie de Carné et Prévert, même si ou pourrait aussi parler du plus méridional
Toni de Renoir. Une vieille tradition...
On retrouve un peu de ça dans le cinéma américain d'avant-guerre, notamment à cause de la crise économique, et dans le film noir d'avant les années 1960, même si quelquefois des cinéastes plus récents gardent cette noire vision de leurs héros (voir notamment le désespéré
Little Odessa, premier film de James Gray). Mais les années 1980 ont forgé un cinéma américain de héros plus gros bras qui perdure aujourd'hui, et ce n'est pas la vague des super héros en tous genres qui va changer la donne, même si un Nolan tend vers plus de noirceur avec sa trilogie
Batman (mais c'est dans l'ADN du personnage), qui finit de toutes manières par triompher. Dans le super héros,
Watchmen est intéressant dans le sens où c'est le négatif nettement plus pessimiste des Avengers et autres X-Men, qui s'inscrit d'ailleurs dans l'Histoire du pays (voir le long générique de début posant le contexte social et politique), certes uchronique, mais qui dans un certain sens renoue avec le film noir traditionnel, mais avec des capes à la place des imperméables (
). Oui faut oser la passerelle entre les deux genres : mais finalement, il y a une sorte de continuité, du western au film noir, du film noir à son pendant plus musclé tendance "revenge movie", pour arriver au cinéma de super-héros.
Bon, je ne pensais pas aller aussi loin en évoquant Bronson et ses rôles de justicier...