Starlift - 1951 - Roy Del Ruth

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Moonfleet
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Starlift - 1951 - Roy Del Ruth

Message par Moonfleet » 24 mai 2019, 09:59

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STARLIFT (Starlift)

Réalisation : Roy Del Ruth
Avec Doris Day, Dick Wesson, Ron Hagerty, Janice Rule
Scénario : John D. Klorer & Karl Kamb
Photographie : Ted D. McCord (noir et blanc)
Musique : Divers sous la direction de Howard Jackson
Une production Warner Bros.
USA - 103mn - 1951


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Mike et Rick (Dick Wesson & Ron Hagerty), deux soldats américains, font les pitres devant une salle de spectacle où doivent se produire Doris Day, Gordon MacRae et Ruth Roman. Rick ayant été dans le même établissement scolaire que la quatrième vedette, Neil Wayne (Janice Rule), ils décident de s'en servir comme prétexte pour aller les rencontrer. Leur stratagème ayant réussi, ils se retrouvent dans l’hôtel où résident actuellement les 4 stars. Rick tombe amoureux de Neil et fait croire, pour l’apitoyer et se faire passer pour un héros, qu’il part le soir même au front en Corée. En réalité, ce sont seulement deux soldats qui pilotent les avions de transport jusqu’à Honolulu, ne prenant jamais part aux combats. Ne le sachant pas, nos vedettes les accompagnent à la base pour d'émouvants adieux. Elles en profitent pour visiter l’hôpital militaire où elles sont accueillies à bras ouverts par les blessés qui n’en croient pas leurs yeux. Doris Day se retrouve à chanter devant la prochaine ‘fournée’ de combattants. C’est un gros succès et le commandant de la base décide en collaboration avec le patron de la Warner d’instaurer chaque semaine une navette de nouvelles stars, le Starlift, qui se rendra à la base se produire en spectacle afin d’encourager les soldats qui partent au combat…

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Durant la Seconde Guerre Mondiale, les grands studios hollywoodiens participèrent à l’effort de guerre par différents moyens, l’un d’entre eux étant la production de comédies musicales destinées avant tout à soutenir le moral des troupes. Parmi les meilleures nous citerons For me and my Gal de Busby Berkeley qui nous faisait participer aux débuts très convaincants de Gene Kelly formant alors un couple très attachant avec Judy Garland. Certaines d’entre elles, surtout à la Warner et à la 20th Century Fox, furent en quelque sorte de légères mises en abimes ; en effet, autour d’une intrigue romantique assez secondaire et souvent guère captivante (comme c’est le cas ici malgré la présence de la charmante Janice Rule), les Majors invitaient sur l’écran une kyrielle de leurs stars maisons à venir effectuer un numéro comique, dansé ou chanté, voire même faire une simple et amusante apparition. Les célébrités hollywoodiennes interprétaient alors leur propre rôle, se déplaçant dans les bases militaires, départ des futures destinations de combats de ces soldats allant pouvoir ainsi passer des moments mémorables au lieu de se ronger les sangs dans l’attente de leur appel pour se rendre à leur baptême du feu. Le plus beau fleuron de ce sous genre fut Hollywood Canteen de Delmer Daves grâce à la sensibilité unique du réalisateur et au couple extrêmement touchant formé par Robert Hutton et la charmante Joan Leslie. En 1951, avec à peu près le même postulat de départ que celui du film de Daves, Starlift ressuscite ce style de comédies musicales, adapté cette fois au conflit coréen.

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Au vu des projections devant transparences qui laissent à désirer, Starlift est une production assez modeste qui s’apparente beaucoup à une comédie musicale de la Fox elle aussi en noir et blanc, Four Jills in a Jeep de William A. Seiter : deux films frais et sympathiques, bien plus digestes que certains plus connus et plus prestigieux réalisés dans la même optique tels La Parade aux étoiles (Thousands Cheer) -pourtant signé par le génial George Sidney- ou encore le pénible Thank your Lucky Stars de David Butler. Alors certes il ne faut rien attendre de plus de la troisième collaboration entre Roy del Ruth et Doris Day qu’un honnête divertissement, mais de ce point de vue il me semble remplir honnêtement son contrat, tout du moins pour les férus de comédies musicales, les autres allant probablement le trouver fort médiocre d’autant que l’intrigue est non seulement quasi inexistante mais de plus guère captivante. La qualité du film baisse d’ailleurs un peu après la première demi-heure, ce qui correspond au départ de la vedette maison numéro 1 de l’époque, Doris Day. Au bout de 35 minutes, cette dernière devant partir sur un tournage, elle quittera aussi le film, sa spontanéité, son charme et son entrain allant un peu lui faire défaut. Mais ce sera alors au tour de Gary Cooper, Phil Harris, Gene Nelson, James Cagney, Randolph Scott, Jane Wyman, Virginia Mayo… de venir réconforter les GI, certains pour de courtes apparitions mais presque toutes aussi savoureuses les unes que les autres.

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Ce sera l’occasion de numéros musicaux ou comiques tous plus ou moins réussis mais dans l’ensemble très agréables. Citons parmi les meilleurs ‘What Is This Thing Called Love’, le formidable tango dansé par Gene Nelson et Janice Rule, ‘It’s Magic’ chanté par un Gene Nelson que l’on a peu l’occasion de voir dans cet exercice, ‘Look Out, Stranger, I'm a Texas Ranger’, la parodie de western avec Phil Harris, Frank Lovejoy et Gary Cooper, Virginia Mayo en vahiné dans ‘Noche caribe’, ‘God's Green Acres of Home’ chantée a capella par Gordon MacRae et un chœur d’homme. Les prestations de Patrice Wymore (‘Liza’) et Jane Wyman (‘I May Be Wrong, But I Think You're Wonderful ‘) seront par contre un peu décevantes. Mais, et sans je pense être bêtement ébloui par le talent extraordinaire de la comédienne/chanteuse qui ne cesse de me surprendre, les numéros les plus inoubliables auront cependant été ceux avec Doris Day ; sentiment d’ailleurs partagé par la plupart des avis trouvés sur le net. Ce seront donc tout d’abord ‘You're Gonna Lose Your Gal’, un savoureux duo avec son partenaire de prédilection de l’époque, Gordon MacRae, puis la reprise de la célèbre ‘'S Wonderful’ de George Gershwin puis, enfin et surtout, la séquence la plus mémorable du film, celle où elle vient chanter pour les blessés de retour du front, interprétant avec une bonne humeur communicative et un charme unique , le Medley ‘You Oughta Be in Pictures/You Do Something to Me’.

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Vraiment un quasi sans faute à ce niveau là surtout que la mise en scène de Roy Del Ruth (déjà auteur l’année précédente du très amusant West Point Story avec James Cagney et Doris Day) est plutôt enlevée, les chorégraphies de Leroy Prinz plutôt inspirées (ce qui n’a pas toujours été le cas) et que le noir et blanc s’avère très beau. Le sketch du cuisinier ivre par un Tommy Noonan déchainé -sorte de mélange entre Jerry Lewis et Red Skelton- réussit même à faire rire aux éclats alors que le cameo de James Cagney est savoureux, arrivant à l’improviste alors que Dick Wesson est en train de l’imiter en mimant une scène de White Heat (L’enfer est à lui) de Raoul Walsh. Malgré une idée départ assez astucieuse (inspirée par le fait que Ruth Roman est réellement à l’origine de ces ‘déplacements’ dans les bases militaires de San Francisco des stars de la Warner pour aller motiver les troupes), le scénario ralentit un peu vers le milieu du film car, entre les numéros musicaux, le semblant d’intrigue guère palpitante continue ; Neil Wayne (très séduisante Janice Rule) apprend la supercherie concernant son faux héros de soldat mais il est trop tard, la presse s’est emparée de cette histoire d’amour pour en faire ses choux gras. Nos deux ‘tourtereaux’ devront faire semblant de vivre le grand amour devant les journalistes et les familles alors qu’ils ne se supportent plus… Encore une apparition assez cocasse, celle de la journaliste à l’origine de cette fausse histoire d’amour qui n’est autre que l’acerbe chroniqueuse mondaine Louella Parsons tenant donc elle aussi son propre rôle.

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Bref, malgré un flottement de l’intrigue, beaucoup de choses réjouissantes dans ce film : la confirmation que Gene Nelson est un des meilleurs danseurs qui soit, la découverte d’un acteur comique qui aurait mérité d’être plus connu, Dick Wesson -qui jouera ensuite le travesti vraiment très drôle dans le Calamity Jane de David Butler aux côtés de Doris Day-, une multitude de standards signés non moins que par Cole Porter, George Gershwin, Jule Styne, Harry Warren, etc., des danses de grande qualité, le tout au sein d'un ensemble très joyeux. Moins réussi dans le même genre que le touchant Hollywood Canteen de Delmer Daves mais néanmoins très plaisant à condition d’être féru de numéros musicaux.
Source : DVDclassik

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