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Sangaree de Edward Ludwig (1953)
Réalisation: Edward Ludwig / Production : William H. Pine et William C. Thomas / Distribution : Paramount / Scénario : David Duncan et Frank Moss / Photographie : W. Wallace Kelley et Lionel Lindon / Musique : Lucien Cailliet / Costume : Edith Headavec Fernando Lamas (Carlos Morales), Arlene Dahl (Nancy Darby), Patricia Medina (Martha Darby), Francis L. Sullivan (Le Dr. Bristol), Charles Korvin (Felix Pagnol), John Sutton (Harvey Bristol), Tom Drake (Roy Darby)
A la fin de la guerre d’indépendance américaine, sur le point de mourir le général Darby lègue Sangaree, sa riche propriété de Savannah en Géorgie, au docteur Carlos Morales le fils d’une servante dont le général avait veillé à l’éducation, en lui demandant d’accorder leur liberté aux esclaves et serviteurs du domaine. Si Roy, le fils du général, connaissant la valeur de Carlos approuve la décision de son père, il n’en est pas de même pour sa soeur Nancy qui va tenter de faire casser le testament de son père …
Sangaree fut le 1er film en 3D de la Paramount et c’était le premier des deux films en relief de Edward Ludwig avec Fernando Lamas en vedette ; le second, L’appel de l’or (Jivaro), sorti en 1954, lui étant selon moi assez nettement supérieur. Fernando Lamas y campait un médecin idéaliste qui le restait malgré l’héritage inattendu qui lui tombait dessus à la mort de son bienfaiteur qui avait déjà fait beaucoup en s’occupant de son éducation. Pas plus que Julio, la fortune ne change pas Carlos qui reste très simple et généreux pour un nouveau riche : Et que je libère les esclaves. Et que j’envisage d’ouvrir un réseau de cliniques gratuites pour les pauvres. Et que je soigne les pestiférés (car coup de bol pour le héros, la peste se déclare à Savannah. A la fin du 18ème siècle, je doute mais passons ...) Or, évidement, de méchants affairistes s’opposent à ces projets déments pour qui a un peu le sens du commerce. C'est le début des ennuis de Carlos...et aussi le début du notre. En apparence, c’est Nancy Darby la plus farouche opposante de Carlos mais en réalité les véritables crapules sont le fiancé de Nancy, l’avocat Harvey Bristol (John Sutton) et son père, le docteur Bristol (Francis L. Sullivan) acoquinés à un pirate français, Felix Pagnol

Les scénaristes ont été bien plus inspirés avec le second personnage féminin : Martha (Patricia Medina), la femme de Roy Darby. L’ami de Carlos, lui aussi médecin, ferait mieux de s’occuper un peu plus de sa charmante épouse qui fut jadis la petite amie de Carlos et qui en est toujours secrètement amoureuse car l’épouse délaissée manipule son entourage (surtout Carlos) et cherche à nuire à sa belle soeur Nancy. Quant à cette dernière, on se demande bien ce qu’elle a en tête, à moins que ce ne soit de la faute - encore une fois - du scénariste. Au procès qu’elle intente en vue de faire casser le testament, son attitude contradictoire interroge tant elle semble pourtant apparemment farouchement opposée à son rival. Plus d’une fois le spectateur aura probablement du mal à trouver son attitude et ses propos vis à vis de Carlos toujours cohérents … mais c’est évidemment que Nancy est irrésistiblement attirée par celui qui lui a pourtant enlevé son héritage mais on ne va quand même pas blâmer une jeune femme qui aime encore plus l'amour que l'argent (arf). Leur attirance mutuelle crève littéralement l'écran ... Arlene Dahl a d’ailleurs rapporté que ce qui arrive à Nancy s'est réellement produit sur le tournage puisque c'est durant la réalisation de Sangaree que débuta sa liaison avec Fernando Lamas (ils se marièrent l’année suivante). Au moins une séquence est mémorable : leur rencontre sur le bateau qui ramène Carlos à Savannah. Il y fait la connaissance d’une jeune femme qui prétend être une servante de Nancy Darby mais c'est évidemment Nancy elle même qui tente d'en savoir plus sur les projets de Carlos. Malgré les robes splendides qu'on lui voit porter plus tard (garde-robes que l'on doit à Edith Head), dans Sangaree, c'est dans sa tunique simple de servante que la sensualité d'Arlene Dahl est la plus évidente et la longue séquence qui débute sur le pont du navire pour se poursuivre dans la cabine est assez torride pour l'époque.
Le reste se laisse voir mais les péripéties sont parfois mollassonnes (la prise du navire pirate) et les quelques pauvres décors de la ville et du port de Savannah n'aident pas à trouver dépaysantes les aventures de Carlos. En revanche, les nombreux costumes dus à Edith Head, notamment les toilettes de Patricia Medina et Arlene Dahl ont du faire grimper la note. Quant au relief, alors que d'ordinaire en visionnant un film originellement tourné en 3D, en version plate, il est aisé de repérer les plus beaux effets de mise en scène ; rien de tel dans Sangaree et j'ai même l'impression que dans un film d'aventures aussi peu mouvementé, la seule chose qui devait être vraiment spectaculaire en relief, ce sont le ... et les ... de Arlene Dahl. 4/10 + 1 X 2 (pour Arlene et Patricia) = 6/10. Vu en VF