
Quelques jours après la présentation de Finger Man, une nouvelle histoire d'infiltration de l’organisation criminel d'un patron de la pègre par un ex gangster reconverti en « stool pigeon » (informateur). Sauf qu'ici le film a des prétentions pédagogiques puisqu'il est présenté par le gouverneur de Floride George A. Smathers dont l'intervention triomphaliste en ouverture du film « Le crime organisé, à Miami, c'est fini ... » fait un peu sourire (mais soyons modeste, on a un ancien président qui nous a fait la même : « les paradis fiscaux, c'est fini ... » Je ne dis pas son nom mais il était petit et nerveux comme Dane Clark). En préambule, il explique, qu'effrayés par les investigations de la commission Kefauver (1), les méchants avaient convergé vers Miami mais qu'ils avaient été éliminé et qu'au cours de l'enquête aucune collusion avec des personnes ayant autorité n'avaient été trouvé. Pas de corrompus chez nous !
Bref, comme nombre de films sortis dans les années suivant les auditions de cette commission Kefauver (1950-1951), celui de Fred F. Sears traduisait sous forme de fiction le sujet d'actualité du moment, servait au public une bonne parole rassurante et surfait sur le succès des émissions spéciales diffusées à la télévision ce qui avait pu rassurer les studios et les inciter à investir dans quelques projets pouvant faire fructifier les investissements consentis. Et ils (les studios) ne s'en privèrent pas tant fleurirent les « Exposé » et autres « Story » ou « Confidential », censés montrer les turpitudes secrètes des cités américaines gangrenées par le crime organisé : The Captive City (1952). New York Confidential, New Orleans Uncensored, The Phenix City Story (1955). The Houston Story, Miami Exposé (1956). Chicago Confidential, Portland Exposé, The Tijuana Story (1957) …
Malheureusement, avec The Miami Story, on est quand même pas dans le niveau supérieur de ce que ce sous genre du film noir a produit. Alors que l'on est censé être dans un pseudo-documentaire (Smathers prétend que ce que l'on va voir à l'écran s'est vraiment produit), Fred F. Sears s'appuie sur un scénario assez croquignol qu'il sert sans la moindre personnalité, masquant les limites en terme de sérieux dans le traitement du sujet en multipliant les scènes, plus ou moins d'action et plus ou moins sensationnelles, privilégiant ainsi le spectaculaire et le rythme sur le fond. Il faut dire que si réellement le tournage dura 7 jours comme je l'ai lu sur le site du réputé fiable American Film Institute, il n'a pas vraiment eu le temps de fignoler.
Heureusement, il y a Barry Sullivan ! On le découvre planqué, rangé des affaires, pépère de famille tranquille … Quoique, quand on le découvre à la campagne, il n'est quand même pas à la pêche … mais carabine en main, taquinant le perdreau. Indice ? Mais à priori ça n'était tout de même pas pour ne pas « perdre la main » … Toutefois, force est de constater qu'il n'a pas perdu les manières du « milieu ». D'emblée, il gifle Holly (Beverly Garland), une jeune femme à la recherche de sa sœur qui s'était introduite dans sa chambre d’hôtel ; plus tard, balance une cigarette allumé au visage de Gwen (Adele Jergens), la maitresse du parrain, et la gifle à tour de bras puis latte Ted Delacorte (John Baer), le fils pas spirituel de Brill et son bras droit ...
Flagg se fait donc passer pour le chef d'un gang de racketeurs cubains, revenant en Amérique pour faire des affaires à Miami et supplanter Brill. En réalité, les gros bras et les portes flingues qui aident Flag sont surtout des flics cubains ...Ça suit son cours sans la moindre imagination (l'aie je déjà dit ?), les scénaristes ayant mis plus d'ingrédients potentiellement mélodramatiques qu'autre chose dans leur petite histoire :
1- Une femme dans chaque camp.
Holly, en tant que proche des deux gros bras cubains qui sont abattus dès leur descente de l'avion de La Havane, exécutions commanditées par Brill au tout début du récit, se méfie de Flag qui prétend venir de Cuba et qu'elle ne connaît pas mais tout rentre vite dans l'ordre et elle devient l'alliée de Flag …et plus. C'est donc la gentille.
Elle est surtout à la recherche de sa sœur disparue … Laquelle est évidemment, Gwen, la maîtresse de Brill. C'est une mère maquerelle légèrement sur le retour, fatiguée et désabusée mais pas tendre pour autant, y compris avec la soeurette. Brill dit d'elle qu'elle n'a d « instinct maternel que pour le vison et le zibeline » lorsqu'elle se montre indifférente au sort (la prostitution) réservé à quelques jolies filles invitées à une party, une nuit au bord de leur piscine.
2- Un triangle amoureux :
Pas très maternelle … et pourtant, d'une certaine manière, elle materne Ted, mais - métier oblige ? - n'a pas l'air très intéressée par la bagatelle. Il faut voir les regards de poisson mort qu'elle jette sur Ted, le fils spirituel de Tony Brill, qui en pince pour elle et semble son amant. Oh un conflit œdipien ! Et de fait, Ted, bras droit de Brill avec lequel il entretient une relation filiale, va vouloir tuer le père … mais pas pour supplanter Brill auprès de sa maitresse ; à la suite de manipulations qui ne valent pas bien la peine d'être décrite ici. On pourra quand même éventuellement apprécier de voir le bellâtre utilisant salement sa séduction, éduqué (Brill est fier de dire qu'il a fait l'université) … mais capable d'exécuter les basses besognes (l'assassin des cubains, c'est lui) s'aplatir psychologiquement comme une crêpe face à Flag, lequel ne manquera pas de faire remarquer à Brill qu'il a bien mal choisi son "fils". Par ailleurs, un autre fils est mis à contribution dans le final, évidemment celui de Flag mais - ça aussi - on le sent venir de loin car un enfant, c'est un bien beau point faible.
Bref, pas folichon ... Même Jay Adler, acteur que j'aime tant, est un peu décevant dans celui ci : tantôt démesurément sûr de lui, fanfaronnant devant ses partenaires en affaires qu'il n'y a pas à s’inquiéter de Flag, puis commençant progressivement à perdre de sa superbe, pour finir par s’étaler comme une grosse limace bien gluante … Pourquoi pas, mais Adler est presque parodique par moments et j'ai parfois eu du mal à le prendre au sérieux dans son interprétation d'un parrain. Selon moi, malgré les promesses, on peut s'en passer. Vu ( à peu près) en vost.
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