Ici, pas de voyeurisme outrancier et racoleur sur les crises de démences d’aliénés, et autres détraqués psychologiques internés dans l’asile La Siesta qui, hormis le brute épaisse The Champ (incarné par l’acteur fétiche d’Ed Wood : Thor Johnson) n’abrite finalement que des patient souffrants de troubles psychologiques relativement légers. C’est plutôt une clinique de repos.
L’intrigue, simple et linéaire, assure une bonne lisibilité à l’ensemble : Ross Stewart (Richard Carlson) vient à peine de s’installer comme détective privé au moment ou il est sollicité par sa premiere cliente, la journaliste Kathy Lawrence (Lucille Bremer), pour retrouver la trace de l’ex juge marron Finlay Drake (Herbert Hayes) en fuite et recherché par la police.
Kathy Lawrence soupçonne le juge d’être planqué dans la clinique La Siesta du Dr. Clifford Porter (Thomas Browne henry). Elle propose a Ross Stewart de se faire passer pour son mari dépressif et de se faire interner pour démasquer le fameux juge. A la clé 10 000 $ de récompenses à diviser par 2.
Tous les atouts sont réunis pour faire de ce suspense de 62 minutes un excellent divertissement.
Tout d’abord un script efficace, tendu, sans temps morts, concocté par le duo Malvin Wald /Eugène Ling (ce dernier est également producteur). Aucune digression inutile ne vient freiner le but ultime de la mission et les péripéties s’enchaînent à la vitesse grand V, portées par des dialogues rapides, vif et concis.
En s’appuyant sur des retournements de situations habiles et des idées astucieuses, les nombreux rebondissements s’emboîtent logiquement dans le récit, qu’ils contribuent à booster.
L’histoire se permet quelques appartées vaudevillesques avec la romance semée d’embûches entre la journaliste et le détective, qui offre son lot de situation comiques et de réparties vachardes. La complicité teintée d’humour, de leur relation rappelle celle du couple de Bodyguard de R. Fleischer .
On aborde également des considérations humanistes avec la dénonciation des conditions d’hébergement quasi carcérales propres à ce genre d’établissement, mais sans pathos redondant ou exagéré.
Les acteurs sont bons et les stéréotypes inhérents à ce genre d'histoire (le sadique de service; le bon gars, complice des méchants, que les remords vont finalement pousser dans le camp des braves..), sont dépeints avec justesse et simplicité.
Autre atout et non des moindres, la superbe photo noir et blanc de Guy Roe donne au film une belle esthétique nocturne, inquiétante, proche de celle des films d'épouvante classiques et renforce l'ambiance claustrophobique et sadique de l'asile.
La mise en scène de Boetticher, sobre, efficace, inventive et toujours surprenante par le choix de certains plans, finissent de nous convaincre que l’on a affaire à une belle petite série B qui n'a pas vieillie d'un poil, mise en valeur par les longs commentaires éclairés et éclairants de Bertrand Tavernier.
